Journal Resistance Sociale n° 202
Avril 2021
Mis en ligne le 24 avril 2021

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p. 2 : Actu sociale (Les hôpitaux) / p.3 à 5 : Place au débat (La pédagogie de BFM) / p.6 : Actu sociale (BdF) / p. 7 : 1er mai / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache

Les élections présidentielle et législatives n’auront lieu que dans plus d’un an, le temps du bilan n’est sans doute pas encore venu … sauf à dire qu’on pouvait déjà l’établir au bout d’une année, ce qui a d’ailleurs été démontré par l’ensemble du mandat !

Eh bien regardons quand même un peu où nous en sommes.

Et puisque nous sommes en pleine pandémie, commençons par l’hôpital, l’hôpital public, celui qu’on diffame quand tout va bien et qu’on fait applaudir lorsqu’on est en crise… faute de lui redonner les moyens supprimés depuis des années au nom du libéralisme qui détruit le service public. Gabriel Attal, porte-parole d’un gouvernement d’hypocrites, a beau reconnaitre « un probable sous-investissement dans l’hôpital », il n’en reste pas moins qu’on a continué et qu’on continue à imposer au service public hospitalier des économies comptables indignes passant par des suppressions de postes et de lits.

A travers les plans d’économies qui se sont succédé depuis plus de 15 ans à l’initiative des gouvernements de Sarkozy, Hollande et Macron, destinés à contraindre les dépenses hospitalières dans le strict respect d’objectifs comptables, ce sont plus de 12 milliards d’euros de coupes budgétaires qui ont été infligés aux hôpitaux. Ainsi ont disparu environ 40% des lits de réanimation ; on imagine ce que ça entraine pour la gestion de la pandémie dans les services ! Le prix fort est aussi payé par le manque flagrant de masques, de gel, de surblouses… Des actes chirurgicaux ont dû être repoussés : 25% de greffes en moins en 2020 (29% pour les greffes du rein), voilà un des brillants résultats de cette politique.

La politique de santé désastreuse qui éclate sous nos yeux n’est qu’une illustration du dogme macronien : il n’avait pas caché vouloir une France à la Thatcher, une « start-up nation », une société « post salariale », sans statuts, ubérisée, sans système de sécurité sociale. Il fallait tourner le dos au programme du CNR. Et il a amplifié la privatisation des services publics, hôpitaux, école, énergie, transports, … et il s’attaque même aux administrations (de la gestion des forêts… à celle de l’impôt ?). Il s’en prend au Code du travail -déjà mis à mal sous Hollande lorsqu’il était ministre des finances- et facilite la « mobilité », en fait les licenciements ; il supprime les structures de représentation du personnel et facilite les emplois « déstructurés » : uber ou auto-entrepreneurs. Le financement de la sécurité sociale est asséché : cotisations allocations familiales, cotisations chômage supprimées, cadeau aux entreprises avec des exonérations de cotisations sociales salariales et patronales. (...)

La théorie est celle du « ruissellement » : il faut faciliter la vie aux « premiers de cordée » … et ça ruissellera sur ceux qui ne sont « rien ». De la théorie à la pratique : refus de rétablir l’ISF, refus de redonner de la progressivité à l’impôt sur le revenu, refus de revoir l’impôt sur les sociétés ; mieux une nouvelle baisse de l’impôt sur la production est annoncée par B. Lemaire. Le journal économique Les Échos titrait que « le mois de novembre 2020 était le meilleur mois du CAC 40 depuis trente ans » et, en même temps, Macron n’a pas honte d’annoncer une augmentation du SMIC de 0,99% ! Ah ils sont bien récompensés les travailleurs de première ligne : éboueurs, caissières, femmes de ménage, … ! Les inégalités se sont aggravées comme jamais pendant cette pandémie.

Alors à quoi a-t-elle servi cette destruction de notre modèle social, économique et institutionnel ? A pas grand-chose si on regarde les performances de la France par rapport aux pays européens. Le déficit commercial notre pays a atteint 82,5 milliards d’euros, de loin le plus élevé de l’Union européenne. Et aujourd’hui les médias nous annoncent un duel Macron-LePen dans un an, avec des gens qui se refusent à choisir entre le mal et celui qui précipite le mal. Il en sera ainsi tant que la gauche ne saura pas se tourner vers le peuple, vers ses besoins et ses aspirations.

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