Journal REsistance SOciale n° 112
Février 2013
Mis en ligne le 25 février 2013

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 5 : Place au débat / p.5 et 7 : Actualité sociale / p.7 : Les bras m’en tombent / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache :

Le gouvernement, après des mois de déni, a enfin reconnu que le seuil d’un déficit à 3 % du PIB était un chiffre inatteignable en 2013. Cela ne l’amène pas pour autant à reconsidérer le plan « compétitivité emploi » qui se traduit déjà par une contraction des dépenses publiques et par des mesures qui restreignent le pouvoir d’achat de beaucoup de nos concitoyens. Non, au contraire, on entend ici ou là des responsables plaider pour de nouvelles mesures d’austérité (contrairement au premier ministre nous n’avons pas peur d’employer le mot). Ainsi le 1er président socialiste de la Cour des comptes monte au créneau pour prêcher de nouvelles ponctions sur les familles, les salariés, les retraités, les chômeurs, … en suggérant d’amputer les prestations sociales ou le montant des retraites et pour recommander de diminuer encore le nombre de fonctionnaires et les moyens des services publics au risque de les mettre en péril. Même si nous n’en sommes pas encore au niveau de la Grèce, de l’Italie, de l’Espagne ou du Portugal, c’est la mise en œuvre de cette orientation politique qui a conduit tout droit dans le mur les pays qui y ont eu recours.

Et pourtant, sous la présidence de Sarkozy, toute la gauche rappelait que c’était grâce à l’existence ancienne d’un service public important et implanté sur l’ensemble de son territoire que la France résistait mieux que d’autres et que le lien social y persistait encore.

Que peut-on dire de nos solidarités quand, après les suicides que nous avons connus à France Télécom et dans les entreprises qui manient le stress comme technique de management, c’est un chômeur qui met fin à ses jours, ne croyant plus à la capacité d’un Pôle emploi dénaturé à prendre en charge son problème ?

Toute cette désespérance pour quoi ? Pour permettre à quelques actionnaires de multinationales et à quelques banquiers de s’enrichir un peu plus sur le dos de l’immense majorité des peuples. Pour ne pas déplaire aux chantres de la mondialisation libérale dont pourtant l’application de leurs recommandations mène toujours et depuis 30 ans, les peuples vers plus de misère et dont d’ailleurs les analyses sont fondées sur une erreur de calcul aujourd’hui reconnue.

Faut-il rappeler les déclarations d’avant-élections, quand l’adversaire désigné était la finance ? Est-il exagéré d’exiger qu’un gouvernement élu à gauche fasse la politique pour laquelle il a été élu ?

Tant qu’il n’en sera pas ainsi, à RESO, nous répéterons que la politique actuellement suivie est un non-sens, qu’il faut inverser les priorités et faire de la lutte contre le chômage et les inégalités l’objectif primordial.

On a encore pu le voir à l’occasion des discussions sur le budget européen, budget tout de régression sociale au point d’entériner une baisse significative des subventions aux associations caritatives : au nom de la préservation à tout prix de « l’Europe », le gouvernement se contente de parlotes et de blablabla sur le « pacte de croissance » mais il n’agit pas. Un gouvernement français courageux se serait opposé à ce budget d’austérité libérale. Il se serait affronté à la chancelière allemande et la Commission européenne, mais il aurait reconquis un peu du crédit perdu auprès de ses électeurs : le peuple français et, auprès de nos compatriotes, distillé le sentiment qu’on s’occupe enfin de leur sort et pas seulement des marchés financiers. Et il aurait sans doute été approuvé par d’autres gouvernements, donnant ainsi aux peuples l’espoir d’une nouvelle donne.

Par quel glissement intellectuel est-on parvenu à ce qu’un gouvernement de gauche pense faire preuve de « sérieux » lorsqu’il cède aux intérêts financiers aux dépens de ceux du peuple quitte à se mettre à dos une bonne partie de la population ?

Bien sûr, Résistance sociale se réjouit – d’autant plus que c’est sa raison d’être – que ce débat s’étende à gauche, y compris chez de nombreux militants socialistes. Mais on désespère que cette prise de conscience atteigne le sommet de l’État en dehors d’un fort rejet populaire articulé sur une mobilisation sociale...

C’est pourquoi nous appelons tous les adhérents de RESO et toutes celles et ceux qui nous soutiennent, à participer aux actions CGT/FO du 5 mars, une action unitaire historique contre le prétendu accord historique Medef/CFDT dit accord de Wagram, qui aurait pour conséquences, s’il était appliqué, de nouveaux reculs pour les salariés.