Journal "REsistance SOciale" N°61
Juillet-Août 2008
Mis en ligne le août 2008
Au sommaire :APPEL : Ensemble pour la préservation du service public postal / Nouvelle déclaration de principes de Réso / VIèmes Vendémiaires

Le mot de la Présidente

En cette période estivale, on ne peut pas dire que l’actualité sociale soit au repos. Réforme du code du travail, qui accentue les contraintes sur les chômeurs de plus de trois mois, sommés de trouver un emploi même si celui-ci est situé loin de leur domicile ou est moins rémunéré que leur emploi précédent, remise en cause par des artifices de la durée légale du travail qui, même si elle reste officiellement fixée à 35 heures, pourra dépasser largement cette limite grâce aux heures supplémentaires pour les cadres dits « au forfait » et les salariés « autonomes », dès lors qu’un accord d’entreprise en décidera ainsi, même s’il est moins favorable que l’accord de branche, allongement de la durée de cotisation pour obtenir une retraite à taux plein, naissance officielle du groupe GDF/Suez qui privatise Gaz de France à la grande joie de Gérard Mestrallet, nouveau PDG du groupe et ancien numéro un de la société belge Suez … Sans oublier la généralisation du livret A à toutes les banques, adoptée dans le cadre de la loi dite de modernisation de l’économie qui risque de rendre encore plus difficile la construction de logements sociaux déjà notoirement insuffisante.

Une fois de plus, le gouvernement a choisi l’été pour faire adopter ses mesures antisociales à la plus grande joie du patronat qui voit l’une de ses vieilles revendications – la primauté donnée aux accords d’entreprise sur les accords de branches ou les accords nationaux - enfin reconnue. On ne sait si les deux faits sont liés mais c’est aussi le moment choisi par le MEDEF pour mettre fin aux négociations sur la pénibilité du travail et ses conséquences en matière de retraite. Hasard du calendrier, on apprend au même moment, par un rapport officiel, ce qu’on pressentait déjà : la loi Fillon de 2003 sur les retraites n’a pas eu les effets escomptés : au lieu d’augmenter, l’âge réel de départ en retraite baisse entraînant de facto une nouvelle diminution du niveau des pensions (- 6% depuis la réforme Balladur de 1993).

Côté politique, ce début d’été aura été marqué par le feuilleton sur la réforme institutionnelle, finalement adoptée par deux voix de majorité au grand soulagement de Sarkozy qui n’aura pas lésiné sur les pressions en tous genres pour parvenir à ses fins. Il est encore trop tôt pour dire si cette réforme aura les effets limités que certains constitutionnalistes lui prêtent ou si, au contraire, à l’image de la réforme de l’élection du Président de la République ou du raccourcissement de son mandat à cinq ans, elle apparaîtra comme un fait majeur. Il n’en demeure pas moins qu’elle a déjà eu pour conséquence de faire apparaître les divisions de la gauche à un moment où certains de ses leaders tentaient de mener la bataille contre le gouvernement. Cela intervient en plus dans un contexte où les responsables socialistes et communistes sont avant tout préoccupés par la préparation de leurs congrès, préoccupation d’autant plus légitime que des choix qui seront faits à cette occasion découlera l’organisation de l’opposition pour les quatre prochaines années.

Venant après d’autres rencontres du même type réalisées en province, le dîner-débat de Gauche Avenir du 7 juillet à Paris a, en tout cas, montré l’envie partagée par de nombreux militants des différents partis de gauche d’agir et de réfléchir ensemble à la construction d’un nouvel avenir, même si les avis divergent sur la stratégie à adopter, les uns souhaitant la mise en place d’un rassemblement de toute la gauche, maintenant ou non les structures actuelles des partis, tandis que d’autres penchent plutôt sur la création d’un parti de gauche excluant les sociaux-libéraux, à l’image de « Die Linke » en Allemagne. On se gardera de trancher ici cette question. L’essentiel est que le débat ait lieu. Résistance Sociale entend y contribuer à l’occasion de ses sixièmes Vendémiaires, qui, nous l’espérons, permettront de faire dialoguer encore plus largement que l’an passé militants syndicaux, politiques et associatifs. En attendant, bonnes vacances à toutes et tous !

Marinette BACHE

Documents joints
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