Journal REsistance SOciale n° 138 - Spécial Service Public
Juin 2015
Mis en ligne le 11 juin 2015

L’édito de Marinette Bache

Depuis 1992 et la ratification du traité de Maastricht, décrétant que « L’Europe est un grand marché où la concurrence est libre », le libéralisme et la « libre concurrence » n’ont cessé de faire leurs ravages. Les services publics, qui ont permis à la France de mieux résister face à la crise des banques de 2008, empêchent la concurrence de s’exercer partout. C’est la raison pour laquelle, dans la droite ligne de la Commission européenne, tous les gouvernements depuis 30 ans -et quelle que soit la couleur politique qu’ils ont utilisée pour se faire élire- s’attaquent aux services publics, comme également l’accord TAFTA sur le grand marché transatlantique, s’il devait voir le jour.

Tous les arguments ont été employés. Depuis la nécessité de la « modernisation » de la France –qu’est-ce que cette « modernisation » qui rejette non seulement les plus pauvres mais l’ensemble du peuple ?- jusqu’à la « bonne gestion financière » de l’Etat.

Quel est le résultat de cette modernisation et de cette gestion financière, non seulement de nos services publics, mais de l’ensemble de notre pays ? La mondialisation libérale effectuée au nom de l’Europe et surtout avec celle-ci comme instrument, n’a réussi qu’à augmenter de manière catastrophique le nombre de chômeurs et de précaires (au point de se demander si insécuriser les salariés n’était pas le but premier) et à détruire des milliers et des milliers d’emplois chaque année.

Malgré les incantations au programme du Conseil National de la Résistance, EdF et GdF, France Telecom ne sont plus que souvenir. Les derniers services publics nationaux comme La Poste et la SNCF sont livrés à la concurrence, La Poste devenant même société anonyme alors qu’elle était encore administration d’État, il y a seulement 30 ans. La sécurité sociale voit son champ d’action se rétrécir au profit, surtout, des compagnies d’assurance, lesquelles ont toutes été privatisées. La gestion de l’hôpital public est livrée aux seuls critères comptables pour le plus grand profit des cliniques privées. L’éducation nationale est affaiblie alors que de nouveaux moyens sont accordés aux écoles privées, religieuses ou commerciales. La RGPP et les diverses lois dites « de modernisation » ont instauré le gel des investissements publics et la poursuite de la réduction des effectifs.

En Europe, les plans grec et espagnol –mais également portugais, italien ou letton- nous le montrent : c’est en priorité contre les fonctionnaires, contre les services publics que les libéraux européens s’attaquent pour soi-disant donner une réponse à la spéculation financière Le FMI et l’UE avaient obligé la Grèce et l’Espagne, avec la complicité de leurs gouvernements, à diminuer les salaires des fonctionnaires, à opérer des coupes sombres dans les investissements publics, à faire baisser les retraites du public comme du privé. Avec l’appui de leur peuple, Syriza et Podemos viennent de dire non, démontrant à la fois que les peuples refusent ces politiques d’austérité et que des gouvernements de gauche courageux trouvent l’appui de leurs mandants.

Être pour ou contre les services publics. C’est à une véritable bataille idéologique à laquelle nous sommes confrontés et que nous devons gagner si nous voulons remettre notre pays et l’Europe sur la voie du progrès social.

Pour Résistance Sociale, la lutte pour la défense et le développement des services publics est une mission essentielle dans le prolongement de l’œuvre du Conseil National de la Résistance, mise à mal depuis plus de 30 ans. C’est le sens de notre participation aux travaux de « Guéret-2015 » et au lancement des « Assises pour le service public du 21ème siècle ».