Journal "REsistance SOciale" n° 80
Mars 2010
Mis en ligne le 8 avril 2010

Au sommaire ce mois-ci :

Le mot de la présidente / Solidarité internationale / Les limites du rail / Communiqué de Réso / Sauvons la statistique publique / Retraites / Bouclier fiscal / Coup de gueule

Le mot de la présidente

Ainsi donc, la droite et Sarkozy viennent de prendre un sacré revers aux élections régionales ; Les listes de la gauche unie (PS et alliés, Front de Gauche et Europe Ecologie) atteignent 54,3 % tandis que la droite (UMP et Nouveau Centre) ne recueille que 36,1 %.

Il ne faut pas croire (mais s’y attendre eût été une erreur) que le président de la République va pour cela arrêter la marche de son gouvernement vers toujours plus de libéralisme. Il l’a affirmé en personne : « il faut continuer les réformes » (on connaît les implications de ce mot) et « on ne touchera pas au bouclier fiscal »(...)

Nicolas Sarkozy se préoccupe seulement de ce qui l’intéresse : lui. Et il lui est nécessaire, dans la perspective des prochaines présidentielles de se réaffirmer comme chef de la droite. En effet, cette première déroute électorale personnelle pourrait encourager quelques ambitions qui se sont déjà fait jour. Comme celles de François Fillon, de Jean-François Copé ou, bien sûr, de Dominique de Villepin. Sarkozy le sait : la vraie droite, la finance, n’a pas de poulain définitif ; elle choisira celui qui sera à même de lui permettre de continuer sa politique au service du capitalisme et du patronat. On l’a vu : Villepin se prépare. Ceci explique que Nicolas sarkozy essaie, par l’entrée au gouvernement de François Baroin et de Georges Tron, d’acheter les chiraquiens et de neutraliser les villepinistes. En tout cas, il gagne un peu de temps… Et la casse du système social à la française peut tranquillement continuer.

Car seul le retour d’une vraie gauche au pouvoir pourrait inverser la vapeur. Alors, qu’en est-il de la victoire électorale de la gauche unie ?. Des régions à gauche, cela apparaît pour les Français comme une garantie de « bouclier social » face à la politique gouvernementale, c’est la raison du score du PS et de ses alliés ; la volonté d’autres électeurs de manifester leur refus du libéralisme sarkozien a permis le score honorable du Front de Gauche ; enfin, Europe Ecologie, dans sa diversité, s’affirme comme la troisième force électorale.

Mais on doit regarder avec attention ce nouvel « ovni » politique. Il est fort divers, et qui pourrait parier sur sa pérennité ? Qu’ont en commun Pierre Larrouturou, qui triomphe dans les Hauts-de-Seine avec un discours économique et social des plus intéressants et Daniel Cohn-Bendit, le libéral-libertaire affirmé ? Quant à Cécile Duflot, elle a centré son discours sur la question sociale, ce qui n’était pas une tradition chez les Verts. A suivre donc.

Quel avenir pour le Front de Gauche, entre un Parti de Gauche, créé pour permettre à Jean-Luc Mélenchon de défendre ses couleurs aux présidentielles, un PCF qui n’a pas encore choisi sa stratégie mais où de nombreux militants et responsables sont préoccupés par la reconstruction de la gauche, et une multitude de petits partis formés pour la plupart par le rejet des partis institutionnels et acquis à une évolution de style « Die linke » capable de peser sur l’avenir de la gauche ?

Enfin, le PS a su se refaire une santé autour de Martine Aubry mais on sent bien que son unité n’est que de façade et que sa réflexion sur un véritable projet n’en est qu’à ses prémices…

Un mot sur le Front National : son score, chacun le sait, est un baromètre de la désespérance du peuple… Quant au taux d’abstention, il démontre bien qu’une partie importante des électeurs ne voit pas encore dans la gauche une véritable alternative au sarkozysme.

Dans ce paysage, on ne peut que constater que le temps « électoral » se heurte à celui de la reconstruction. Il faudra pourtant bien parler au fond si on veut restructurer un front social qui existe, comme l’a démontré la mobilisation du 23 mars.

Marinette BACHE

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