Journal REsistance SOciale n° 132
Décembre 2014
Mis en ligne le 26 décembre 2014

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 et 4 : Place au débat (Florange : il fallait hier nationaliser, il faut aujourd’hui recréer des emplois de production, par Marie-Noëlle LIENEMANN) / p.5 et 6 : Place au débat (A propos du Plan Juncker, par Patrick Le HYARIC) / p.6 : 11èmes Vendémiaires de RÉSO / p.7 et 8 : Coup de gueule (Marre du JT !, par Charles LABÂTIE)

L’édito de Marinette Bache :

Le chômage progresse, la fortune des plus riches aussi. Le nombre des « travailleurs pauvres », avant spécialité anglo-saxonne, augmente. Le SIMC, lui, est bloqué, comme le point d’indice de la fonction publique. Mais pas les salaires des grands patrons, ni leurs retraites-chapeaux ; ni la fraude fiscale (80 milliards) ni les avoirs français dans les paradis fiscaux (590 milliards) !

On aurait pu espérer, après le bilan du CICE, après le pacte de responsabilité dont le ministre de l’Économie lui-même reconnaît l’échec, que la frénésie libérale du gouvernement s’arrêterait là. Erreur ! Le gouvernement s’attaque, avec le projet de loi Macron, aux fondements mêmes du pacte social et républicain de la France. Ce projet de loi, qui contient plus d’une centaine d’articles et le recours à 18 ordonnances, ne s’intéresse pas qu’au travail du dimanche, dont le président de la République lui-même, avait pourtant dénoncé, il n’y a pas si longtemps, l’extension prévue par la droite. Mais ça, c’était avant… Chacun sait que le travail du dimanche n’a jamais rien apporté à l’économie, que ce qui est acheté le dimanche ne sera pas réacheté le lundi, que les opérateurs de tourisme se sont depuis longtemps adaptés et qu’ils ne quittent pas tous la France pour Londres le dimanche mais qu’ils font visiter nos musées. Même le ministre de l’Économie le sait ! Ce que cache cette histoire, c’est la volonté de s’en prendre au droit du travail et de répondre positivement aux exigences des patrons… après les avoir subventionnés à coup de dizaines de milliards ponctionnés dans les poches des salariés et des retraités !

Le projet Macron, c’est un formidable retour en arrière, en ce qui concerne le droit du travail, avec notamment la remise en cause du rôle des prud’hommes, l’extension du travail de nuit, un nouveau coup de canif aux 35h -dont pourtant un rapport parlementaire vient de reconnaître l’utilité dans la lutte contre le chômage : c’est 400 000 emplois qui avaient été ainsi créés, sans baisse de salaire la plupart du temps, même si la flexibilité en avait été, quelquefois, la contrepartie…

Ce projet Macron, c’est aussi la généralisation de la dérégulation, c’est la facilitation des licenciements, la casse de la Médecine du travail, de l’Inspection du travail. Il faut dire que son initiateur est un vrai libéral qui ne sait pas que les salariés sont plus productifs lorsqu’ils sont protégés que lorsqu’ils sont insécurisés, qui méprise trop le « populo » pour penser que des ouvriers formés sont plus efficaces. Il libéralise les transports routiers privés sous prétexte de permettre aux pauvres d’avoir accès à un transport en commun à leur portée ; en fait, il répond positivement au lobby des transporteurs routiers. Il ne lui viendrait pas à l’esprit de développer les transports ferroviaires de proximité, pourtant beaucoup plus sûrs et respectueux de l’environnement ! On pourrait se demander ce qu’ils attendent, lui et le Premier Ministre Valls, pour répondre favorablement à la demande de députés de gauche de renationaliser les autoroutes ; mais ils préfèrent privatiser les aéroports de Toulouse, Lyon, Nice ! (...)

Ce sont des adversaires de classe. Et ils viennent de recevoir une réponse claire des électeurs : lors de l’élection législative partielle de Troyes, le candidat socialiste n’a même pas franchi le premier tour. Que restera-t-il de la gauche après les départementales et les régionales ? Car c’est toute la gauche qui pâtit de la politique conduite par ce gouvernement, alors que les députés et sénateurs Front de gauche s’opposent au Parlement, alors que la gauche du PS, les « frondeurs » refuse de voter ces projets régressifs. On peut s’interroger : n’est-ce pas un choix conscient du gouvernement de « passer le tour » des élections locales en espérant pouvoir surfer sur la crainte de la montée du Front national pour jouer 2017 ?

En attendant, il se crée un peu partout des collectifs Vive la Gauche dans le prolongement de la contestation des parlementaires. Ceux-ci iront-ils, cette fois, jusqu’à voter contre le projet de loi Macron ? Ce serait sans aucun doute bénéfique pour la gauche dans son ensemble, qui montrerait ainsi que son aile socialiste n’est pas représentée que par des sociaux libéraux voire des libéraux pur sucre comme l’ancien ministre de l’économie Pierre Moscovici, devenu commissaire européen, qui n’hésite pas à s’afficher avec le candidat de la droite grecque à l’élection présidentielle, censé respecter la politique « austéritaire » et mortifère imposée à la Grèce par la commission européenne, s’il était élu.

Résister donc et favoriser l’action commune de tous ceux qui refusent le démantèlement du pacte social et de l’œuvre du Conseil national de la Résistance. Tel est l’objectif de Résistance Sociale pour l’année qui va bientôt commencer.