Journal RESO N° 215
Juin 2022
Mis en ligne le 7 juin 2022

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p. 2 et 3 : Actualité sociale et Bras m’en tombent / p.4 à 7 : Place au débat : La réforme Macron des retraites / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache :

L’inflation -dont la maitrise a été pendant longtemps l’alpha et l’oméga des libéraux - est repartie à la hausse, elle pourrait atteindre 10 % d’ici la fin de l’année. Depuis le début de l’année déjà, les prix à la consommation ont augmenté de plus de 5 %. Les prix des produits de première nécessité, celui de l’énergie, celui des transports, … flambent. Le cas de l’énergie est particulièrement évocateur : L’envol des prix internationaux du pétrole se traduit par celui des profits pour Total-Energies. Le gouvernement fanfaronne d’avoir obtenu de Total-Energies une mini-ristourne de 10 centimes à la pompe, soit une perte de 100 millions d’€ pour le groupe pétrolier et gazier qui a engrangé 5 milliards d’euros de bénéfices sur les trois premiers mois de l’année, après une année record à 16 milliards en 2021 ; la moitié de son profit a été distribuée aux actionnaires. En attendant, les Français payent au prix fort la hausse du cours du pétrole. De leur côté, Engie et les autres opérateurs sont censés répercuter leurs propres bénéfices financiers vers les consommateurs pour faire baisser leur facture. En fait, elle a augmenté de 7 %… : le surcoût de l’énergie pour les familles fait le surprofit des grandes compagnies (privées !) de l’énergie.

Évidemment, ce sont les plus défavorisés qui en pâtissent le plus : il n’est plus question de « superflu », on rogne sur les soins, l’alimentation, le chauffage… Mais l’ensemble de la population est touché d’autant que les salaires stagnent ou régressent depuis une dizaine d’années, idem pour les pensions de retraites, pour ceux qui vivent des diverses aides sociales ; dans le public, nombreuses sont les rémunérations inférieures au Smic. Dans notre dernier bulletin (de mai), le Place au débat exposait la nécessité de revenir à l’échelle mobile des salaires ; c’est en effet plus que d’actualité : c’est une exigence sociale !

La campagne électorale l’a, pour partie, abordé : l’urgence est à l’augmentation des salaires et la gauche, toute la gauche, syndicale comme politique, doit se remparer de cette question. La bataille sera frontale : il faut rappeler l’impudence de François Villeroy de Galhau, Gouverneur de la Banque de France, nanti d’un salaire de 30 000€ par mois et qui ose affirmer que « tout le monde serait perdant si les salaires augmentaient en ce moment ». Et on ne doute pas que le cynisme des actionnaires du CAC40 soit de même niveau, même si l’année passée les 40 plus grosses entreprises françaises ont vu leurs profits augmenter de 300%, même si elles ont versé 70 milliards d’euros de dividendes, même si le revenu des PDG de ces sociétés s’élève à 237 millions d’euros (+ 23% en un an, on a envie d’être d’accord avec Villeroy en ce qui les concerne !). Et cela pendant qu’elles recevaient les aides publiques au prétexte de la pandémie et du « quoi qu’il en coûte » macronien (on sait à qui il en a coûté !), ce qui ne les a pas empêchées de supprimer des dizaines de milliers d’emplois ! En attendant la vie devient encore plus difficile pour des milliers de familles qui n’arrivent plus à boucler les fins de mois, comme pour celles qui sont en train, progressivement, d’être touchées par le « déclassement », leur niveau de vie ne cessant de baisser. La crainte de l’avenir, l’angoisse pour les générations à venir s’amplifient. (...)

Les valeurs de solidarité et de justice sociale sont bradées, bafouées pour ne pas dire ouvertement moquées par les tenants de l’individualisme et les laudateurs de la réussite sur le dos des autres. Au mépris de la loi et de la simple honnêteté. Jamais un président n’a autant été cerné par les affaires. Sans rappeler celles qui ont terni son 1er quinquennat (ah ! Benalla, Grivaux, Delevoye, Rugy, Ferrand, Goulard…), aujourd’hui Macron est le président de la Cinquième qui a eu le plus de ministres ou de proches soupçonnés de corruption autour de lui. « En même temps » quand on fait appel à des Cabinets Conseils pour diriger les affaires de l’Etat… D’ailleurs après McKinsey c’est au tour de General Electric ! Le Parquet national financier a été saisi d’une plainte contre GE pour blanchiment de fraude fiscale, abus de confiance, recel, faux et usage de faux. La plainte a été déposée par Eva Joly au nom des syndicats de la branche énergie de GE, ex-Alstom, avec le soutien des ONG Attac et d’Oxfam France. GE est soupçonnée d’avoir délocalisée en Suisse et au Delaware (un paradis fiscal au cœur des États-Unis) des profits réalisés en France, ce qui explique pourquoi, malgré l’augmentation de la production, l’entreprise était de plus en plus déficitaire !

Alors augmenter les salaires, les libéraux ont des tas d’arguments contre, arguments qu’ils qualifient eux-mêmes d’incontestables : « ça freinerait la reprise, ça nuirait à la compétitivité des entreprises, et puis il faut privilégier la création d’emplois… ». Sauf que depuis que ces arguments sont à l’œuvre, on attend toujours la relance et il y a perte d’emplois pérennes au profit d’emplois précaires ; voilà le résultat des brillantes théories des « experts » libéraux ! Les travailleurs sont également victimes d’une politique forte d’individualisation des salaires (le fameux salaire au mérite…), des restructurations et de la sous-traitance qui les éloignent des lieux réels de décisions.

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