Journal Resistance Sociale n° 203
Mai 2021
Mis en ligne le 29 mai 2021

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 et 3 : lnternational / p.4 à 6 : Place au débat (Relance et austérité) / p.6 et 7 : Actu sociale (Mettons fin au système de brevets privés) / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache

Le mois de mai a commencé par la traditionnelle manifestation du 1er mai. Résistance sociale a exprimé à travers un communiqué son soutien aux militants CGT qui ont été agressés en fin de parcours par un groupe d’individus particulièrement violents. Depuis des années, des éléments « incontrôlés » perturbent les manifestations dans le but évident de les discréditer. Cette fois, ils ont franchi une marche supplémentaire en s’en prenant physiquement à des militants syndicaux. Il serait temps, particulièrement à gauche, de cesser de trouver des excuses à ces fauteurs de troubles, casseurs, black-blocs, etc… et de les condamner fermement. Plus encore en cette journée du 1er mai symbole de la lutte des travailleurs de tous les pays pour obtenir de nouveaux droits et garder ceux durement acquis. Il est également temps d’exiger de nos gouvernants qu’ils donnent des ordres clairs et fermes aux forces de police afin que ces casseurs ne puissent plus nuire aux manifestations.

C’est le manque de force des organisations syndicales qui permet aux libéraux de s’en prendre aux droits collectifs et individuels des travailleurs, au statut d’EDF, à la sécurité sociale, d’imposer des licenciements et délocalisations, des privatisations et une réforme régressive des retraites… Nous aurions besoin de retrouver des organisations syndicales fortes et claires, en particulier une CGT, face au capitalisme débridé imposé par les dirigeants de la France et de l’Europe.

Dans ce contexte de faiblesse de la gauche syndicale, la gauche politique - électorale plus exactement - ne pèse pas lourd non plus : tout confondu - mais pas toute alliée ! - entre 25% et 30%. Faut-il pour cela appeler, lors de l’élection présidentielle de l’an prochain, à une candidature unique ? Aurait-elle un sens ou, au moins, une chance ?

Regardons le paysage politique. La décomposition qui dure depuis déjà pas mal d’années s’est accélérée ; c’est peut-être -espérons-le - le signe que la recomposition est à l’horizon. Pour ce qui est de la droite, le temps d’un grand parti de droite populaire, hérité du gaullisme, est bien révolu. Le petit parti libéral, issu du giscardisme, a rempli sa mission : la droite s’est modifiée, elle s’est mondialisée et elle ne s’encombre plus de considération « sociale ». LR se déchire entre les pseudos-héritiers et les pseudos-modernistes. Les premiers flirtent avec le Rassemblement national, version présentable du Front national ; les seconds sont depuis longtemps passés, avec armes, les bagages suivront, au macronisme actif dans lequel les successeurs de Giscard s’étaient déjà fondus. Une droite aux apparences sociales renaîtra-t-elle de cela ? Pas de de Gaulle à l’horizon, on peut en douter. (...)

A gauche, le lien avec le peuple est coupé depuis longtemps, plus de 30 ans si on se réfère aux travaux de sabordage de Terra Nova. Les partis, tous à des degrés divers, se sont boboïsés et les slogans sociétaux ont remplacé les préoccupations sociales. Beaucoup se sont fourvoyés dans l’identitarisme, oubliant les racines républicaines de la gauche française et il n’est plus question de « changer la vie » : on a changé d’avis ! Mais pas notre peuple, fidèle à son histoire : la grande révolution de 1789, la constitution de 1793, les épisodes révolutionnaires de 1830 et 1848, la Commune de Paris, le Front populaire, la Résistance et le CNR, les grèves de 56 ou de 68…, j’en passe.

« Lorsque tu ne sais pas où tu vas, regarde d’où tu viens » dit le proverbe africain ; la gauche serait bien inspirée de se retourner sur son chemin. Les accords électoraux de 2022 n’auront de sens qu’à ce prix.

Documents joints