Journal REsistance SOciale n° 126
Mai 2014
Mis en ligne le 30 mai 2014

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 et 4 : Place au débat (Quelle réforme territoriale ?) / p.4 : Les bras m’en tombent (Hôpitaux : triste solution) / p.5 et 6 : Place au débat (Intermittence du spectacle : une réforme de gauche est possible) / p.6 : Avez-vous remarqué ? (Hôpitaux : différences de tarifs) / p.7 : Actualité sociale (SNCF : une réforme et des interrogations / L’impuissante bien-pensance) / p.8 : Coup de gueule (« Rien pour les salariés » il vous a dit !)

L’édito de Marinette Bache :

Il semblerait que certains soient « surpris » ou « tristes » au lendemain de cette élection européenne. Permettez que je m’insurge !

Surpris ? Après le résultat des municipales et la caricaturale analyse du Président Hollande affirmant qu’il a bien compris le message que les Français lui avaient envoyé d’aller plus vite dans les réformes, comment peut-on être surpris ? Je le craignais dans le précédent bulletin de RESO : quand les peuples n’en peuvent plus d’être trahis, quand ils envoient, élections après élections, des avertissements qu’on ignore sciemment, quand, finalement, on se moque d’eux, quand on méprise leur avis, il n’y a pas matière à être étonné de leur réaction. Au contraire, il est honteux et scandaleux ensuite de leur reprocher, sur un ton moralisateur, d’avoir promu le « FHaine ». C’est la réponse du berger à la bergère. C’est la réponse à la méfiance, au mépris, aux trahisons qu’on leur manifeste. Notre peuple n’est pas raciste, il est désespéré. Cela explique son vote pour un parti qui, non seulement n’est ni patriote ni préoccupé de social, mais est le meilleur garant des possédants et de la finance.

Bref, c’est la réponse à une politique qui protège les intérêts des privilégiés au détriment de l’intérêt général, qui abaisse chaque jour la protection sociale et le droit du travail, qui supprime les emplois, qui vend nos usines, qui casse les services publics. Car, oui, il faut bien regarder la vérité en face même –surtout– quand elle dérange : c’est cette politique, libérale, qui est menée par ceux que les salariés ont élus pour tourner le dos au sarkozysme. Et après ce 25 mai, qui renvoie à un certain 21 avril, la gauche libérale, la gauche gouvernementale est impitoyablement défaite. Réduite à 14% des votants, 5% de l’électorat.

Mais les électeurs n’ont pas trouvé une alternative crédible avec la gauche du Front de Gauche, qui se maintient tout juste, ou de l’écologie qui recule. Une fois de plus, le message est clair : la gauche est à reconstruire dans son ensemble. Ce message sera-t-il entendu ? (...)

Réunissons tous ceux qui veulent tourner le dos aux politiques libérales qui, de la Grèce au Portugal, ne connaissent comme « solution » que la baisse des « charges » (autrement dit des droits sociaux et des salaires, le « coût » du travail, des services publics, etc.) au plus grand bénéfice des banques (au prétexte de la « dette »), et qui, en France veulent réduire de 50 milliards les dépenses publiques pour financer les cadeaux au patronat, des politiques qui ont échoué partout et dont on s’obstine à dire qu’il faut les mener plus vite et plus loin.

Il y a une majorité dans ce pays pour une politique alternative, s’appuyant sur le mouvement social, pour refuser l’austérité et promouvoir l’intérêt général et la justice sociale, pour conduire une relance permettant des emplois stables, préférer la cause des salariés à celle de la finance. Et croire que cette politique peut réussir !

Je ne suis pas triste, je suis inquiète. L’ensemble de la gauche sociale, politique et syndicale saura-t-elle, rapidement et avec ses différences, s’atteler à cette démarche ?