Le mot de la Présidente

Les Français ont terriblement souffert depuis une vingtaine d’années : leur pouvoir d’achat est fortement en baisse et le chômage, lui, stagne à un haut niveau. Il faut, cependant, noter que, depuis 2002 et le règne sans partage de la droite, la situation des salariés s’est encore plus détériorée, avec une constance dans l’attaque de tous les acquis sociaux : sécurité sociale, retraites, droit du travail, délocalisations, précarisation des contrats de travail,… Plus que jamais, la question sociale sera donc au coeur de l’élection présidentielle de 2007.

En voyons-nous le moindre reflet dans les journaux ? Pas du tout ! Les grands médias, à leur habitude, se repaissent de petites phrases sans conséquences, à mille lieux des préoccupations des électeurs.

Sarkozy y trouve son compte, lui qui ne vit que par l’apparence des médias. Pas de crainte, par contre, de trouver dans le moindre hebdo une analyse des différences des politiques économiques et sociales que pourraient mener le petit Nicolas ou MAM !

Même chose à gauche. S. Royal vient de recevoir le soutien de JP Chevènement. Les médias ont-ils, à cette occasion, relevé que cet accord politique, entre autres évolutions notables du PS, affirme que la priorité sera donnée à la relance économique et à la lutte contre le chômage et refuse la libéralisation des services publics ? Bien sûr que non : ils n’en ont retenu que les sympathiques mais secondaires embrassades et la petite phrase sur la gauche du oui et celle du non. Pas un mot, par contre, sur le fait que les deux partis prenaient en compte le vote des Français le 29 mai, en enterrant définitivement la constitution européenne.

L’extrême gauche et le PCF ne sont pas mieux traités. Certes, les comités anti-libéraux donnent une bien mauvaise image d’eux-mêmes. Mais quel organe de presse a rappelé que ces comités sont issus des comités du Non, qui avaient soulevé un véritable espoir en 2005 et qui ont été un véritable instrument de la victoire anti- TCE ? La « boboïsation » et la « gauchisation » du discours du PCF, qui jettent une partie de l’électorat ouvrier dans les bras de Le Pen, ne mériteraient-elles pas une attention des médias ?

Et quel journaliste prendra le temps de regarder derrière la façade sécuritaire du Front National, où se cache un programme économique réactionnaire et ultra-libéral ?

Dans ce paysage médiatique désastreux, nous ne pouvons que souligner l’importance de tous les clubs, associations, revues qui, à travers leurs débats sur le fond, éclairent la réflexion des électeurs. Résistance Sociale, qui se veut l’expression d’un courant de pensée socialiste et républicain au sein de la gauche, souhaite oeuvrer à la refondation d’une gauche authentique prenant ses racines dans la Révolution française, enrichie des apports de Marx et de Jaurès, mais aussi du CNR, capable de dépasser le clivage du congrès de Tours, comme les clivages partisans actuels. Nous sommes conscients que cela ne se fera pas dans les semaines qui viennent et qu’il s’agit d’un travail de longue haleine… qu’il faudra déconnecter de la prochaine élection présidentielle si nous voulons donner aux nécessaires débats une chance de se tenir dans la sérénité !

Marinette BACHE