La nouvelle débilité en vogue consiste à penser que les IA disposeraient d’une intelligence et donc d’une réflexion propre. Aucun scientifique ne dit ça comme ça, bien sûr, mais le nom même le suggère. Les journalistes preneurs de toute approximation permettant de vendre leur article ont ainsi fait émerger une sorte de phantasme collectif digne d’un roman d’Azimov où l’intelligence humaine, dépassée par les IA, deviendrait inutile. Phantasme relayé comme il se doit par Macron les 10 et 11 février au dernier sommet de l’IA.
Ainsi les IA reposent sur des « algorithmes ». Le mot est joli et était peu connu. Bon, quand on sait que le premier algorithme connu est le PGCD d’Euclide en -300 que chacun a appris au collège, ça calme un peu. Si on dit un algorithme est « une suite finie et non ambiguë d’instructions et d’opérations permettant de résoudre une classe de problèmes » ça fait un peu moins SF. Par exemple « Lève toi il est l’heure d’aller à l’école » est un algorithme mais ça ne marche pas vraiment avec les êtres humains. Bref, obéir à un algorithme n’est pas signe d’intelligence mais d’obéissance.
Lorsqu’on voit que l’IA révolutionnaire du CNRS n’a pas su faire un calcul niveau 6e avec une assurance déconcertante on se dit que le chemin est encore long et qu’il est grand temps d’augmenter les crédits de la recherche en France !
Pire, les IA trichent. Alors elles le font carrément aux échecs : lorsqu’elles n’arrivent pas à gagner elles s’affranchissent des règles de déplacements puis font disparaître et réapparaître des pièces. Chat Gpt a d’ailleurs eu une idée de génie : faire disparaître le roi adversaire assure la victoire ! Franchement on n’y aurait pas pensé ! D’après des études récentes les IA semblent à 60% donner des solutions vraisemblables mais erronées (70% pour l’IA des impôts testée en ce moment). L’IA ALBERT de la fonction publique par contre a 100% de réponses justes… mais basée uniquement sur les sites gouvernementaux ce n’est que l’équivalent d’un moteur de recherche sur le site de la fonction publique en question.
Bref qu’est-ce que l’intelligence ? Si c’est inventer des concepts, confronter sa réflexion à la réalité … par définition les IA en sont dépourvues. Elles peuvent apprendre mais pas comprendre. La seule chose c’est quelle retiennent tout ce qu’on leur donne, trient ce qu’on leur dit de trier, rectifient tout ce qu’on leur dit de rectifier et essaient d’atteindre, par tout moyen, les objectifs fixés. Elles le font sans comprendre ni la finalité ni les enjeux.
En bref, elles font ce qu’on leur demande avec rigueur et à une échelle démesurée dont le cerveau humain est incapable. Mais perso je ne me suis jamais senti moins intelligent que ma calculette !
Lors d’un débat passionné avec mon gamin j’ai demandé à Chat GPT la conception du service universel européen et les conséquences sur nos services publics. Elle m’a sorti plein d’âneries ultra-libérales. Mais elle a fait son job : synthétiser les plus grandes idioties que l’on trouve sur les sites officiels de l’union européenne, et ce, en un temps record !
Il y a quelques années la Région IDF s’est dotée à prix d’or d’une IA pour permettre l’orientation des gamins en fonction de leurs envies. Bilan : on a proposé à mes gamins d’aller élever des animaux en Afrique ; ils aiment les voyages et les animaux et c’est la seule formation qui collait. C’est totalement idiot mais eux ça leur aurait vraiment plu !
Bref, les IA ne font qu’obéir à des algorithmes prenant les infos décrétées les plus fiables et répondant aux objectifs assignés par le programmeur.
Comme toute avancée technologique elles restent de simples outils que nous orientons. Comme toute technologie elles ont différentes qualités suivant les capitaux investis de sa conception à son utilisation. Il est donc fort à parier que la majeure utilisation des IA sera adaptée pour faire des profits dont des économies de personnels. Les conséquences seront les mêmes qu’avec les autres avancées technologiques mais avec le problème que les réseaux d’informations n’ont jamais été aussi présents et aussi concentrés. L’IA vous donnera donc ce que son propriétaire veut qu’elle vous donne.
Le problème ce ne sont donc pas les IA mais le système capitaliste. L’IA pourrait permettre de trouver des pistes pour satisfaire les besoins humains. Elle le fera en petite partie et le fait déjà en biologie moléculaire et sur la compréhension et la maîtrise de phénomènes physiques comme l’intrication quantique. Mais la part la plus importante, comme toute avancée, servira les détenteurs de capitaux. C’est une révolution technologique qui n’a rien de révolutionnaire et n’est pas près de supprimer ou faire évoluer significativement la condition humaine ! Loin s’en faut !