Journal RESO n° 217
Septembre 2022
Mis en ligne le 17 septembre 2022

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Les bras m’en tombent : Colère / p.3 à 6 : Place au débat : La lutte idéologique du patronat / p.6 : Billet d’humeur : Super-profits pas pour tout le monde / p.7 : International / p.8 : Coup de gueule : Pour un service public de la dépendance

L’édito de Marinette Bache

Nous venons de passer un été étonnant : nous avons appris que c’était la fin de l’insouciance et de l’abondance. Pour beaucoup de Français, la période le « l’insouciance et de l’abondance », s’est terminée avant qu’ils se soient aperçus qu’elle avait commencé. Au-delà du lamentable mépris de la formule -mais Macron en est un habitué (« les gens qui ne sont rien », « les gaulois réfractaires », « un pognon de dingue », « le meilleur moyen de se payer un costard, c’est de travailler » et le célèbre « traverser la rue pour trouver un travail »,…)- celle-ci démontre une totale méconnaissance ou une totale indifférence de ce que vit l’essentiel de nos concitoyens et surtout elle annonce une nouvelle période de serrage de ceinture.

S’il voulait s’en préoccuper, Macron saurait qu’avec l’envolée des prix depuis le début de l’année (et la perte de pouvoir d’achat depuis des années !) les conditions de vie se sont encore plus détériorées en 2022. Déjà que depuis 2 ans et -en partie, car elle n’a pas impacté tout le monde- pour cause de crise sanitaire sans précédent, le niveau de vie a été victime d’une récession qualifiée « d’historique » par Le Monde, journal fort peu révolutionnaire !

Pour beaucoup, il devient impossible de faire face aux dépenses essentielles que sont l’énergie bien sûr mais également le transport et… l’alimentation ! Selon le baromètre Ipsos-Secours populaire, près de 1 Français sur 2 (45 %, une augmentation de 15% en un an !) rencontre des difficultés pour payer l’essence et les autres coûts liés au transport ; 41% (+ 5% depuis 2021) ne peuvent payer leur facture d’énergie (chauffage, électricité…) et sont très inquiets sur la manière dont ils vont passer l’hiver. Encore plus inquiétant, la question de l’alimentation est désormais une véritable préoccupation. Les « 5 fruits et légumes par jour » -et ne parlons pas de la qualité- ne sont plus à la portée de 37 % de nos compatriotes (là encore un bond de 5% par rapport à l’année dernière). Et pourtant 2021 avait été une « annus horribilis » puisqu’elle avait connu une augmentation de 20 % des personnes à venir dans les services de la solidarité alimentaire.

Plus d’un Français sur trois (36 %, +2 points) a des difficultés à boucler ses fins de mois, 15% vivent à découvert, 26 % redoutent de basculer dans la précarité. 85 % des personnes interrogées considèrent que les risques de voir leurs enfants connaître un jour une situation de pauvreté sont plus élevés que pour leur génération.

Ce climat anxiogène est, bien sûr, particulièrement entretenu par la poursuite de la guerre de la Russie contre l’Ukraine, qui devient une guerre Russie / OTAN et entraine une France de plus en plus atlantisée par ses dirigeants et les médias. Macron cultive ce climat pour faire accepter la régression socio-économique annoncée et éviter d’en faire apparaitre les véritables causes : le néo-libéralisme auquel il se nourrit et qu’il nourrit. Macron, qui a été choisi pour ça par la finance, continuera -c’est la raison de sa sortie sur « l’insouciance et l’abondance »- à imposer des sacrifices aux salariés qui n’en peuvent déjà plus pour maintenir le taux de profits des firmes capitalistes, la spéculation sur les marchés financiers et le reversement des dividendes aux actionnaires. Combien de temps la nécessité d’améliorer le climat et de respecter la nature, combien de temps la guerre russo-étatsunienne vont-ils servir d’alibi ?

Pour entraver Macron et ses sbires, comme d’ailleurs l’ensemble de la droite largement majoritaire à l’Assemblée, il faudrait une gauche sérieuse et conséquente. Or l’été a été émaillée de sorties caricaturales, pleines de mépris et irresponsables de la part de certains élus. Haro sur la viande, c’est le nouveau mot d’ordre sur fond de wokisme diviseur de la communauté nationale. Est-ce que les 94% de parents qui les ont renvoyés dans leurs buts les feront revenir à plus de bon sens et d’humilité ? On peut en douter. Ils sont, comme les libéraux affichés, les adversaires de l’intérêt général et donc de l’intérêt des salariés.

Une lueur dans ce tableau : 2 responsables politiques viennent de prendre position en faveur des travailleurs. Le 1er en rappelant que la gauche a depuis longtemps tourné le dos à cette classe sociale et qu’elle doit, à nouveau l’écouter et lui parler, le second en appelant à recréer du travail, à le payer correctement afin que chacun puisse en vivre dignement. Ils ont, certes, été vilipendés et leurs propos déformés. Soyons tranquilles : cela sera compris par ceux auxquels cela s’adressait : pas la petite bourgeoisie urbanisée et sectorialisée mais l’ensemble des salariés.

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