La misère est-elle moins triste au soleil ?
Par Françoise DAL - Journal RESO n° 200, février 2021
Mis en ligne le 4 mars 2021

Dans un récent article du Monde le chercheur Thierry VIRCOULON titrait : « Le coronavirus s’est perdu dans la liste des malheurs de l’Afrique ».

La pandémie n’a fait qu’amplifier les problèmes de ce continent même si la structure démographique des pays africains a peut-être joué en leur faveur ; ces pays qui étaient en crise sociale, économique et budgétaire, s’enfoncent de plus en plus dans la misère et leur surendettement explose. La Chine y conforte ses positions prenant très largement le contrôle de leurs ressources premières.

Il fallait s’y attendre les pays les plus riches accaparent les vaccins qui ont un coût important et, de fait, les personnes à risque élevé dans les pays les plus pauvres et les plus marginalisés ne recevront pas le vaccin.

Pour le continent africain, le premier défi est avant tout financier. Sur 47 pays, seulement près du quart disposent de plans adéquats pour les ressources et le financement, l’ambition de l’Organisation Mondiale de la Santé est de vacciner 3 % des Africains d’ici mars 2021 et 20 % d’ici la fin de l’année prochaine…

Selon les estimations, l’Afrique aura besoin de 1,5 milliard de vaccins pour immuniser 60 % de son 1,3 milliard d’habitants, pour un coût qui oscille entre 5,8 et 8,2 milliards d’euros.

Alors que la course à la découverte de vaccins sûrs et efficaces contre la Covid-19 se poursuit, les pays africains se sont engagés dans l’initiative COVAX de l’OMS, qui vise à obtenir au moins 220 millions de doses de vaccin pour le continent ; cette initiative bat déjà de l’aile, car pour l’instant COVAX n’a encore distribué aucun vaccin. Alors, comme en Europe, c’est le bilatéralisme qui reprend le dessus et l’Union Africaine se débrouille de son côté en misant sur la Chine ou la Russie !

Dans ces conditions et sous toile de fond d’insécurité alimentaire et de famine, qui, hélas, ne va qu’en s’aggravant, la démocratie devient secondaire, le risque est grand que les régimes mafieux renforcent leur pouvoir à travers le détournement d’argent public déjà baptisé « coronabuisness ».

Nous sommes fortement inquiets mais lucides ; aussi, il est urgent que nos gouvernants donnent un sens à l’universalisme, ne serait qu’en commençant par revendiquer l’effacement de la dette des pays pauvres et par la mise en œuvre de politiques de co-développement ambitieuses portées par une volonté commune européenne.