Journal Resistance Sociale n° 199
Janvier 2021
Mis en ligne le 24 janvier 2021

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p. 2 lnternational / p.3 à 6 : Place au débat (EDF- RATP - SANTE) / p.7 : Actualité sociale (Michelin -construction navale- Grandpuits) p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache

« Plus rien ne devra être comme avant » avait dit Macron ! Ça commence mal, les annonces de début d’année 2021 ressemblent fort à celles des précédentes années de son mandat : les salaires ne seront pas réévalués (+0,99% pour le SMIC), les pensions de retraites non plus (+0,4% pour les retraites de base, +0% pour les pensions AGIRC-ARRCO). Par contre les factures augmenteront (+0,2% pour le gaz, +2% pour l’électricité, +11% pour les timbres). La lutte contre le chômage et la pauvreté ne sont toujours pas des priorités gouvernementales tandis que le supposé « ruissellement » n’est pas à l’œuvre. L’indécence, elle, est toujours d’actualité à travers Elisabeth Borne qui n’hésite pas à déclarer « c’est la plus forte hausse du pouvoir d’achat de ces 10 dernières années ». Mais qu’attendent donc les salariés pour la remercier !

Pour les libéraux qui nous gouvernent ce n’est pas la crise sanitaire qui doit entraver ce qu’ils nomment « réformes » et qui est la destruction du système social français. Donc, les retraites restent dans la cible comme nous le rappellent des déclarations récentes et, après s’être servis de l’état d’urgence sanitaire pour amoindrir un peu plus les droits des salariés, ils continuent à s’en prendre à ce qui reste de nos services publics. EDF est ainsi dans le collimateur avec le projet Hercule sur lequel RESO s’est déjà exprimé. C’est de l’indépendance énergétique de la France dont il s’agit, mais Macron préfère faire plaisir à la Bourse où l’action EDF bondit de +9,5% ! La sécurité sociale reste également dans la ligne de mire. Nous vous invitons à rejoindre l’Appel des 75 personnalités pour les 75 ans de la Sécu que RESO a signé (https://www.convergence-sp.fr/75-ans-de-la-secu-75-personnalites-signent-pour-que-vive-la-securite-sociale/).

Le macronisme trouve de l’argent comme jamais pour les entreprises (et pas toujours celles qui en auraient le plus besoin, les PME, les TPE, les restaurants, les librairies, nombre de commerces sont dans une situation très difficile) mais ne se préoccupe guère des conséquences sur les salariés. Ne parlons pas de sa notion tout à fait singulière de ce qui est « essentiel » et qui a concouru à fermer tout ce qui concerne le secteur culturel par exemple. Voila 10 mois que nous subissons une grave pandémie. Nous sommes victimes, bien sûr, de la casse des services hospitaliers. C’est le Comité consultatif national d’éthique qui écrit le 16 novembre 2020 « La tension qui s’exerce sur le système sanitaire, révélée à l’occasion de l’épidémie de Covid-19, traduit l’insuffisance des moyens au regard des besoins de santé ». Nous avons plusieurs fois eu l’occasion de le dire : le dogme libéral veut que tous les lits d’un hôpital soient toujours occupés ; on voit ce qui en résulte lors d’une crise sanitaire ! Les restrictions sont organisées par les lois de financement de la sécurité sociale (LFSS). L’objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam) fixe les dépenses de santé devant être remboursées par la collectivité en ciblant particulièrement les hôpitaux. Il s’agit de les contraindre à se serrer la ceinture : sous Sarkozy, 580 millions d’euros de restrictions annuelles ont ainsi été obtenues, puis, sous Hollande 876 millions par an en moyenne ; mais le pompon est pour Macron avec 2,6 milliards d’économies en 2018 et 2019. Un milliard supplémentaire était prévu pour 2020, avant que le Covid-19… On ne peut faire semblant de s’étonner de l’état de nos hôpitaux publics. (...)

En dehors de cette situation matérielle, il y aurait beaucoup à dire sur l’incohérence avec laquelle le gouvernement gère cette situation, de cafouillages en cafouillages : d’abord les masques qu’il n’était pas utile de porter (… c’est vrai que lorsqu’on n’en a pas et pour cause : on a vendu l’usine qui les fabriquait aux Américains qui l’ont fermée), ensuite les tests (il faut, il ne faut pas, on en a, on n’en a pas, quelle fiabilité ?), on continue avec les vaccins (Cf. le « Coup de gueule » de Béatrice Durand dans ce numéro) !

« Pourquoi la France, le pays de Pasteur, n’a pas son vaccin ? » Pourquoi Sanofi n’a-t-il pas encore fourni son vaccin ? Depuis 10 ans et avec l’aval de tous les libéraux, Sanofi a licencié la moitié de ses chercheurs. Il comptait 11 laboratoires en France. Il en reste aujourd’hui 3. Sanofi s’est désengagé de tous les traitements non rentables : la cardiologie, les antibiotiques, la neurologie, le diabète, ce qui ne l’empêche pas de faire de beaux bénéfices qui font directement dans la poche des actionnaires : 4 milliards de dividendes en 2020. La crise ? Quelle crise ? Et 1700 nouvelles suppressions d’emplois sont programmées… Qui aura le courage de dire qu’il faut nationaliser les laboratoires pharmaceutiques pour les remettre au service de l’intérêt général ?

Nous vivons la dernière année du quinquennat de Macron. Il est temps de prendre les moyens d’une reconquête républicaine et sociale de notre pays.

Documents joints