Journal Resistance Sociale n° 192
Mai 2020
Mis en ligne le 31 mai 2020

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 : L’édito / p. 2 : A l’international / p.3 à 6 : Place au débat / p. 6 : Les bras m’en tombent / p.7 : Actualité sociale / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache

Plus nous avançons dans le déconfinement, plus nous avons la certitude que, sans reprise en main de la question publique par le peuple, les jours d’après seront dans la droite ligne des jours d’avant.

S’ils ne sont pas pires ! On peut compter sur Macron, Philippe, Darmanin, Pénicaud, Le Maire, Véran, et compagnie pour se faire les parfaits exécuteurs des exigences des financiers si clairement exprimées par le Medef. Après la pandémie si difficilement gérée, le gouvernement a décidé d’organiser un "Ségur de la santé". Gageons que, sans mobilisation unitaire des personnels soignants et médicaux, soutenue par les usagers que nous sommes, ce ne sera qu’un écran de fumée qui, de plus, risque d’accoucher de mesures qui casseront un peu plus l’hospitalisation publique au nom de "l’efficacité". D’ailleurs, pendant la crise, sanitaire, les plans de fermetures des services ont continué. "Nous ne pourrons plus fonctionner comme avant" qu’il disait...

Sous le régime de la loi d’urgence, on en a profité pour privatiser complètement la Poste. La part de l’État dans le capital de celle-ci est passée de 73,68% à 34%. En perspective, une accélération des fermetures de bu-reaux et des suppressions d’emplois. Quant à la distribution quotidienne du courrier, il faut craindre qu’elle ait vécu.

Les mesures dérogatoires au Droit du travail s’accumulent au prétexte de relancer l’activité économique : allongement du chômage partiel, précarisation accrue des contrats de travail, en particulier pour les CDD et les intérimaires, menaces sur les congés, les 35h et les RTT... Pendant qu’en Nouvelle-Zélande, on en profite pour diminuer le temps de travail, en France, après avoir promis une médaille aux soignants, on envoie des chocolats aux postiers. Le mépris pour ne pas dire -pardon- le « foutage de g... » est devenu naturel.

Quant à Renault, empêtré dans des difficultés financières dues à la gestion à court terme de ses PDG et particulièrement de Calos Goshn, il va recevoir un prêt, sans contrepartie, de l’Etat de 5 milliards avec l’assurance donnée par Bruno Le Maire que le constructeur pourra continuer à fermer des sites et à licencier comme il le souhaitera. Aucune exigence ne sera formulée sur la nécessité d’adapter la production, d’une part, au "fabriquer en France", d’autre part, aux impératifs environnementaux. (...)

Pendant ce temps, le gouvernement le réaffirme : pas question de rétablir l’ISF, pas question de cesser de verser des dividendes astronomiques aux actionnaires !

Et puis, il y a eu la "loi Avia". Ce gouvernement a une singulière conception de la démocratie. Après avoir fait réprimer avec violence les gilets jaunes et les manifestations de salariés, après avoir placé des Préfets plus enclins à être au service du pouvoir qu’à celui de la République, après que les plaintes pour violences policières soient systématiquement déboutées et que les manifestants mis en cause soient systématiquement condamnés, il s’en prend à la liberté d’expression. Sans doute mécontent de n’avoir pu rétablir le délit d’outrage au président de la République, Macron et son gouvernement vont, par cette loi, confier à des entreprises privées étrangères le soin de juger de ce qui peut se dire ou pas. Je n’ai pas l’habitude de galvauder le vocabulaire, mais cette fois, je le demande : sommes-nous toujours en démocratie ?

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