L’édito d’octobre 2018
Numéro 174
Mis en ligne le 21 octobre 2018

Drôle d’été, sacré rentrée !

Le gouvernement d’Emmanuel Macron et d’Edouard Philippe traverse des tourmentes.

Cet été, c’est l’affaire Benalla qui a fait la Une. De rebondissement en rebondissement, on a découvert comment fonctionnait l’entourage proche d’E. Macron.

Révélateur que le responsable de la sécurité de l’Élysée se croit autorisé, non seulement à frapper des manifestants –ce qu’il a nié alors que la vidéo prouve ces violences- mais également à traiter les sénateurs de « petits marquis », lui qui n’est là que par le fait du prince !

Révélateur qu’il ait obtenu le haut grade de lieutenant-colonel dans la réserve citoyenne de la gendarmerie et qu’il possède un badge d’accès privilégié à l’Assemblée nationale !

Révélateur que, suspendu pour 15 jours –manifestement pour couper l’herbe sous le pied à toute procédure administrative et légale à son encontre- il continue de percevoir l’intégralité de son salaire ! Et qu’il continue à avoir accès à l’Assemblée nationale !

Révélateur qu’il soit logé dans un appartement dépendant de la Présidence ! Révélateur que Macron cherche à entraver les travaux de la commission d’enquête parlementaire !

Révélatrices les auditions de G. Collomb et Michel Delpuech, ministre de l’Intérieur et Préfet de Police, auxquels il semble bien qu’on ait voulu leur faire porter un chapeau trop grand pour eux et qui plaident l’ignorance !

Au-delà de cette affaire qui n’honore pas ceux qui ont couvert ou organisé cette situation et est significative de la conception jupitérienne de gouverner de macron, celui-ci nous fait la grâce de nouvelles réparties dont il a le secret. Et, comme souvent, il choisit d’être à l’étranger pour insulter ses compatriotes. Après avoir, depuis Athènes, qualifié les Français de fainéants, après les « illettrées », les gens qui devraient « travailler pour se payer un costard », les voyageurs qu’on croise dans les gares, qui « se réunissent et ne font rien », nous voici devenus des « gaulois réfractaires ».

Avec l’aide d’Astérix, les Français lui ont répondu avec humour sur internet, qu’on pourrait bien répondre à son invitation « d’aller le chercher ».

Aujourd’hui la crise prend de l’ampleur. Après Hulot, médiatique président d’Ushaïa, s’apercevant qu’il allait payer les décisions anti-environnementales du gouvernement, et qui donne sa démission, après Laura Flessel, c’est Collomb qui quitte le navire-bateau ivre afin de se réfugier dans son fief lyonnais.

Le plan « pauvreté » comme le plan « santé » sont marqués par l’ultralibéralisme, étendard toujours affirmé de la gestion macronienne. Quand une politique génère de la pauvreté chez les salariés, les retraités (on estime aujourd’hui que 9 millions de personnes sont concernées), au profit d’un meilleur rendement pour les plus riches, que peut-on dire d’un plan qui ne s’adresse qu’aux exclus parmi les plus exclus, les « à la rue » ?

Et en ne proposant qu’une mise en œuvre minimale et insuffisante d’un nécessaire rattrapage, surtout pas d’inverser les termes de l’actuelle répartition des richesses.

Quant au plan « santé », il ne répond pas aux exigences d’un égal accès aux soins pour tous et privilégie l’approche comptable en matière d’hospitalisation publique ; les hôpitaux publics sont invités à rapprocher leur fonctionnement du privé. Aucune mesure en faveur des hôpitaux et maternités de proximité, lesquels sont toujours en but à des fermetures imposées par les ARS sans concertations locales. Aucune vision pour les EHPAD malgré les malaises clairement exprimés par les soignants et les familles.

Macron et Philippe ont pris 15 jours pour faire émerger un nouveau gouvernement, copie de l’ancien. Le discrédit est tel que même les plus acquis à cette politique hésitaient à s’y engager. Et ce n’est pas la nomination du mari de la ministre de la santé, Mme Buzyn, au Conseil d’Etat ni la situation ambigüe de l’ancienne ministre de la culture qui vont améliorer la perception qu’ont les Français de ce gouvernement.

Malgré cela, la grève du 9 octobre n’a été qu’un demi-succès, malgré cela, les nombreux conflits locaux n’arrive pas à se généraliser… A chacun donc de continuer son travail d’explication et de conviction qu’une autre politique est possible et qu’il nous faut aller la chercher !

Marinette Bache