Le contrat de travail «  zéro heure  » plébiscité par les employeurs britanniques
Source : Les Echos
Mis en ligne le 26 août 2013

Plus d’un million de personnes seraient sous ce régime.

Salariés et syndicats dénoncent la précarité associée à ce contrat sans durée minimale de travail.

Les contrats zéro heure sont-ils l’outil ayant permis au Royaume-Uni de traverser la crise avec un taux de chômage bien inférieur à celui des autres pays européens  ? Ou sont-ils plutôt la parfaite excuse des employeurs pour précariser leurs salariés encore un peu plus  ? Le débat fait rage outre-Manche depuis que le Chartered Institute of Personnel and Development a calculé que 1 million de personnes, soit quatre fois plus que les données officielles, étaient soumises à ce régime qui permet aux entreprises de recruter des salariés pour le nombre d’heures dont elles ont besoin, sans autres obligations.

Tous les grands partis sont forcés de prendre position. L’opposition travailliste a promis mardi qu’elle annoncerait le mois prochain des mesures pour lutter contre les abus. Chuka Umunna, le «  shadow  » ministre du Commerce, a réuni des représentants d’entreprises et de syndicats. Il réfléchit à un code des bons usages et à l’obligation de proposer un emploi stable après un certain nombre d’heures. La gauche se garde toutefois bien de proposer l’interdiction de tels contrats, bien que son leader Ed Miliband soit en train de faire du niveau de vie des classes moyennes son cheval de bataille pour les prochaines élections. Le gouvernement conservateur Lib Dem décidera, lui, en septembre s’il est nécessaire de lancer une consultation à propos d’éventuels abus.

Deux autres statistiques sont venues nourrir le débat. Plus d’un quart d’un échantillon de 600 employeurs interrogés par le Recruitment and Employment Confederation, le lobby de l’industrie du recrutement, ont recours aux zéro heure. L’association Resolution Foundation a, de son côté, calculé que le salaire horaire moyen en zéro heure était de 40 % inférieur à celui constaté pour un emploi traditionnel.

Disponible à tout moment

Ce type d’emplois convient à certains et permet de rester connecté au monde du travail et d’acquérir de l’expérience. Mais les salariés concernés, dans le secteur de la restauration (presque tous les employés de McDonald’s) et l’hôtellerie et dans une moindre mesure dans la distribution, font face à une instabilité de leurs revenus et de leur emploi du temps. D’autant que beaucoup doivent s’engager à être disponibles à tout moment, contrairement aux free-lance que l’on rencontre dans certaines professions, comme le journalisme.

Certains s’inquiètent par ailleurs que les entreprises ne rééquilibrent leur force de travail au profit de tels contrats. Une grève a été votée cette semaine chez le boulanger britannique Hovis contre le recours à des travailleurs temporaires sans conditions d’horaires spécifiques, presque immédiatement après le licenciement économique de 30 salariés.

Premier Foods, la maison mère, a expliqué vouloir adapter la force de travail à la demande.

La CBI, le représentant du patronat outre-Manche, est entrée dans le débat au début du mois dans les termes les plus vifs. «  Si nous n’avions pas pu disposer de ces instruments de flexibilité quand l’économie s’est contractée, le chômage aurait dépassé les 3 millions – or il n’a pas dépassé les 2,5 millions  », a déclaré son directeur général, John Cridland.