Bangladesh : le libéralisme à l’oeuvre
Coup le gueule d’Aure BERRI publié dans le n° 116 du journal RESO (juin 2013)
Mis en ligne le 19 juin 2013

Il y a plus d’un mois, au Bangladesh, plus de 1100 travailleurs du textile trouvaient la mort dans l’effondrement du bâtiment où ils étaient installés.

Vive émotion dans les médias français. Larmes de crocodiles. La situation qui fait de ce pays la plus grande usine de textile du monde n’est pas tombée du ciel : elle est la conséquence du libéralisme mondialisé, celui qui ferme nos usines et crée chômage et misère ici tout en exploitant là-bas les salariés, hommes, femmes et enfants, qui vivent et travaillent dans des conditions scandaleuses et avec des salaires extrêmement bas.

Les grandes marques occidentales qui contestent en France ou en Europe l’idée de salaire minimum–et qui trouvent des complicités gouvernementales pour remettre en cause cette législation- ne se soucient pas plus de l’état de taudis dans lequel leurs vêtements sont confectionnés. Peu leur importe la vie des ouvriers, seules comptent les marges de profit. Ici ou ailleurs, les actionnaires auront toujours le même critère de choix : leur intérêt financier. Et cela continuera tant que nous ne serons pas capables d’imposer à nos gouvernants une autre manière de concevoir les échanges commerciaux internationaux. La libre loi du marché, c’est la même qui organise les délocalisations et fait travailler les ouvriers des pays pauvres 6 à 7 jours par semaine, 10 à 14 heures par jour dans d’effroyables conditions de travail et pour une bouchée de pain (souvent moins de 50€ par mois).

Et oui, ils luttent nos camarades du Bangladesh et d’ailleurs ; oui, ils sont d’un extraordinaire courage, ces syndicalistes qui refusent, pour continuer à défendre leurs collègues, de se laisser acheter alors qu’ils n’ont pas un sou. Oui, ils sont dignes, ces ouvriers qui font grève pour avoir le droit de se lever autrement que lors de leur pause déjeuner d’une demi-heure ou pour avoir le droit de parler à un collègue sans se faire retenir une journée de travail.

Les syndicalistes veulent aujourd’hui entamer une nouvelle bataille, celle des salaires. Au Bangladesh, le salaire minimum dans l’industrie du textile du Bangladesh est de 30 euros par mois, pour 48 heures de travail, le salaire moyen d’environ 40€…

Ils n’ont pas besoin de notre compassion. Ils ont besoin de notre solidarité agissante. Ils ont besoin que nous nous battions ici et maintenant pour les droits des salariés. La Liberté, l’Egalité et la Fraternité, voici notre produit d’exportation. Voici ce dont ils veulent s’emparer.