Les syndicats de l’aciérie ArcelorMittal de Florange (Moselle) ont menacé mardi [2 octobre] de boycotter les négociations sur un plan social devant débuter le 16 octobre, estimant le délai trop rapproché alors que le gouvernement a jusqu’à début décembre pour trouver un repreneur pour les hauts-fourneaux du site.
La CGT "demande aux autres syndicats du site de refuser de participer à la réunion du 16 octobre" qui doit mettre en place un plan de sauvegarde de l’emploi, a affirmé son représentant Yves Fabbri à la sortie d’un comité d’entreprise extraordinaire à Metz.
Selon M. Fabbri, l’annonce de la direction signifie "le démantèlement de Florange à partir du 16 octobre et l’ouverture d’un plan qui n’a rien de social".
Le syndicat va également demander par écrit au ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg "qu’il fasse annuler cette réunion. Il faut que le gouvernement prenne ses responsabilités", a-t-il poursuivi.
Pour le représentant de la CFDT Frédéric Weber, le début prévu des négociations "arrivera beaucoup trop tôt et il est fortement probable que la CFDT n’y participe pas".
Le responsable FO, Walter Broccoli a pour sa part indiqué que son organisation était "en train de réfléchir" à sa participation, estimant que la réunion était programmée dans "un délai trop rapproché", alors que "la logique voudrait qu’on attende les deux mois".
Lundi, ArcelorMittal a confirmé la fermeture définitive des deux hauts fourneaux de Florange, à l’arrêt depuis 14 mois. Cette décision concerne directement 629 des 2.500 salariés. Le groupe a dit avoir "accepté la demande du gouvernement français" pour la recherche d’un repreneur pour les hauts fourneaux et la cokerie dans les 60 jours.
"Il faut sauver Florange"
Dans le quotidien Le Monde paru mardi, Pascal Faure, l’expert chargé par le gouvernement de trouver un repreneur a déclaré cibler "une grosse dizaine" d’industriels.
Les syndicats dénoncent cette décision de ne céder qu’une partie des installations de l’aciérie, les hauts fourneaux et la cokerie, qui selon eux n’intéresseront aucun repreneur.
"Il faut sauver Florange dans son ensemble, parce que découper Florange c’est programmer son arrêt définitif", a expliqué Yves Fabbri. Selon lui, l’activité d’emballage (production de canettes de soda) est directement menacée à terme par la fermeture des hauts fourneaux.
"Outre ceux qui travaillent dans la filière chaude, les services supports, énergie, maintenance et achats" vont être concernés, ainsi que 160 fournisseurs et sous-traitants, et 405 intérimaires, a-t-il ajouté.
Frédéric Weber a pour sa part dénoncé "une fuite en avant de la direction" d’ArcelorMittal, affirmant que "pour soigner le malade, on nous explique qu’il faut amputer un bras".
La réunion s’est déroulée dans un contexte tendu, alors qu’une centaine de salariés de l’aciérie manifestait devant le siège du Groupement des entreprises sidérurgiques et métallurgiques (Gesim), protégé par un important dispositif policier. De légers heurts ont opposé les salariés et la police.
Lors d’un Comité d’entreprise européen à Luxembourg, qui se déroulait aussi mardi, ArcelorMittal a confirmé un investissement de 40 millions d’euros à Florange, une somme "très largement" insuffisante selon les syndicats.
"Il faut au moins 150 millions d’euros", a déclaré à l’AFP le représentant CFDT Edouard Martin, reprenant les chiffres du récent rapport rendu par Pascal Faure sur la viabilité de Florange.