Journal REsistance SOciale n° 95
Juillet/Août 2011
Mis en ligne le 20 juillet 2011

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 : Solidarité internationale / p.3 à 6 : Dossier du mois : à propos de la recherche / p.7 : Actualité sociale / p.8 : Coup de gueule

L’édito de Marinette Bache :

La crise grecque est à la une de tous les journaux et nombreux sont les pays qui attendent leur tour. On nous parle d’austérité mais personne ne semble vraiment se soucier de ce que cela signifie concrètement pour le peuple grec et pour les autres peuples soumis à la même potion du FMI et de l’UE.

Madame Lagarde, nouvellement intronisée directrice générale du FMI, veut même en rajouter une couche, tandis que Jean-Claude Juncker, le président de l’Eurogroupe, reconnaît que ce remède, avec notamment son cortège de privatisations tous azimuts, va entraîner pour la Grèce une perte importante de souveraineté. Mais quid des salaires qu’on diminue, des droits sociaux qu’on lamine, de l’âge de départ en retraite qu’on recule ? On se moque de la vie des millions de salariés touchés par le chômage, de centaines de milliers de jeunes à qui on n’offre comme perspective que la misère et la recherche d’un travail précaire, de ces hommes et de ces femmes qui ne peuvent plus vivre dignement ? Le Portugal annonce une baisse de 2 % de son PIB en 2011, de 1,5 % en 2012.

Et pendant ce temps-là, les agences de notation déterminent qui est bon élève, les patrons des multinationales ne savent que faire de leur richesse, les actionnaires et les banques s’engraissent sur le dos des populations. Les gouvernements, qu’ils soient de droite ou de gauche, semblent tétanisés devant les marchés financiers et prêts à toutes les concessions pourvu que la note du pays ne soit pas dégradée, ce qui serait synonyme de renchérissement de la dette et de difficulté accrue pour rembourser les prêts des banques. La chasse aux déficits est proclamée, et Sarkozy veut même l’inscrire dans la Constitution, à l’image de l’Allemagne.

Quel prix les peuples européens accepteront-ils de payer au nom de la monnaie unique ? Allez expliquer aux Grecs, aux Portugais, aux Espagnols ou aux Italiens que celle-ci est un bienfait alors qu’on leur demande toujours plus de sacrifices dans le seul but de maintenir leur pays au sein de la zone euro. La soumission des gouvernements « de gauche » aux marchés profite lors des élections à la droite libérale et surtout à l’extrême droite, éloignant ainsi encore un peu plus les peuples de leurs gouvernants.

En France, ces dernières semaines ont apporté leur lot de mauvaises nouvelles estivales : le SMIC ne sera pas revalorisé au mois d’août, tandis que l’électricité a augmenté début juillet, que l’essence grimpe à nouveau, que le prix des transports publics croît, de même que celui des denrées alimentaires. Pendant ce temps, le bouclier fiscal a enfin été levé mais pour être remplacé par une diminution de l’impôt sur la fortune. Comme toujours avec cette droite, ce sont les plus riches qui reçoivent le plus de cadeaux !

Et tandis que les hérauts de la droite affûtent leur projet pour l’après-2012, il nous faut rester vigilants sur le projet de détricoter et privatiser encore un peu plus la Sécurité sociale, au prétexte de la lutte contre la dépendance et la perte d’autonomie, même si, élections approchant, le gouvernement fait semblant de faire profil bas.

Nos 9èmes Vendémiaires, organisées en commun avec Convergence, portaient sur ce point et sur la nécessaire riposte à apporter à la politique gouvernementale. D’abord, on me permettra de me réjouir du succès de cette journée, grâce, en particulier, à la qualité des interventions de nos invités, comme d’ailleurs de l’ensemble des nombreux participants, ce qui a permis de vrais échanges et un véritable dialogue.

Cette journée a aussi été l’occasion de lancer notre appel à la défense de la Sécurité sociale (voir page 7) que je vous invite à signer et à faire signer sur (ce) site

Plus que jamais l’union fait la force. C’est le sens de cet appel. Car nous savons bien que c’est en étant unis que nous pourrons nous opposer avec quelque chance de succès au projet du gouvernement. Et que cette union vigilante sera aussi notre meilleur gage pour permettre le changement si les élections présidentielle et législative amènent à nouveau la gauche au pouvoir. Car les exemples de la Grèce, de l’Espagne ou du Portugal nous rappellent qu’il ne suffit pas de se proclamer « de gauche » pour faire une politique conforme aux attentes du peuple et aux besoins d’un pays.

Bons congés d’été et à la rentrée pour une nouvelle année de luttes sociales !

Marinette Bache