Grande grève dans la fonction publique britannique
Source Reuters
Mis en ligne le 30 juin 2011

Des centaines de milliers d’enseignants et de fonctionnaires britanniques doivent observer une grève ce jeudi (30 juin) pour protester contre la réforme des retraites dans le secteur public, ce qui s’annonce comme le défi le plus important lancé jusqu’ici au programme d’austérité du gouvernement.

Des milliers d’établissements scolaires doivent fermer faute de professeurs. Les voyageurs doivent quant à eux s’attendre à des retards dans les ports et les aéroports, les services d’immigration se joignant au mouvement de protestation.

Les employés du secteur public de Grande-Bretagne sont déjà touchés par un gel des salaires et plus de 300.000 suppressions d’emplois, la coalition à dominante conservatrice s’étant donné pour objectif d’éliminer presque en totalité d’ici à 2015 un déficit budgétaire qui a dépassé 10% de PIB.

Pour certains syndicats, opposés à ce que leurs adhérents travaillent plus longtemps et cotisent davantage pour leurs vieux jours, la réforme des retraites est la goutte qui fait déborder le vase. Il est envisagé de porter l’âge légal de la retraite à 66 ans en 2020, contre 60 ans actuellement pour les femmes et 65 ans pour les hommes.

Le gouvernement et l’opposition travailliste ont tous deux condamné les grèves en les déclarant prématurées du fait que des pourparlers sont en cours entre syndicats et ministres.

Avant-goût

Mais les arrêts de travail de ce jeudi pourraient n’être qu’un avant-goût des événements à venir cette année si ces pourparlers ne permettent pas de combler le fossé entre les deux parties.

"Je comprends pourquoi ils appellent à la grève, mais je crois qu’ils feraient bien de s’éveiller aux réalités", déclare Phil Stanley, 47 ans, ingénieur à Bishop’s Stortford, au nord de Londres. "On n’a pas augmenté mon salaire depuis trois ans, alors ils manquent un peu de réalisme."

Les grèves constituent un test pour la coalition qui est arrivée au pouvoir en mai 2010 avec pour priorité d’assainir les finances publiques.

Le gouvernement a annoncé des réductions de dépenses totalisant 81 milliards de livres d’ici à 2015 et tout signe de recul sur les retraites serait mal perçu par les marchés financiers.

La première coalition au pouvoir en Grande-Bretagne depuis 65 ans a connu des semaines difficiles en faisant marche arrière sur des projets de réorganisation du système de santé publique (NHS) sous la pression du lobby médical et des libéraux démocrates, partenaires des conservateurs au gouvernement.

Le gouvernement a aussi renoncé à autoriser des détenus à purger des peines plus courtes à la suite d’un tollé médiatique.

"Cela pourrait être le début d’une assez longue série de grèves", estime Alastair Newton, analyste politique au bureau d’études Nomura. "Je crois que le gouvernement est vraiment sous pression pour qu’il reste ferme, cela se verra dans la presse."

Les organisations syndicales britanniques ont en grande partie perdu leur puissance depuis les batailles remportées dans les années 1980 par le gouvernement de Margaret Thatcher contre les syndicats des mines ou du livre, épreuves qui ont transformé le monde du travail dans le pays.

Certains représentants de la droite du parti préconisent un durcissement législatif pour limiter les grèves. Les syndicats font valoir que les règles en vigueur sur ce plan sont déjà très restrictives.