Perte d’autonomie : intervention de Michel Debruyne, SG de l’USR CGT du Var lors de la journée d’action du 14 juin 2011 à Toulon
Mis en ligne le 15 juin 2011

Chers Amis et Camarades,

Il y a des moments de la vie revendicative où la CGT ses militants, ses structures, les salariés actifs et retraités qui lui font confiance ont rendez-vous avec l’histoire.

Le 14 juin 2011 est de cette veine.

La question aujourd’hui posée est celle du projet de civilisation que nous voulons bâtir pour les générations actuelles et, pour les générations futures.

Ce choix sera différent selon que l’on considère l’allongement de la durée de vie et la perte d’autonomie représentent comme un coût, ou le résultat d’une avancée de notre société due aux luttes sociales, aux progrès des sciences et techniques qui appellent des réponses collectives et solidaires.

Le défi de l’allongement de la durée de vie et la perte d’autonomie interrogent toute la société civile sur les conditions dans lesquelles on doit vivre.

Vous connaissez tous, les pistes proposées par le Gouvernement et le MEDEF.

A l’instar du dossier « retraite » en 2010, la prise en charge de la perte d’autonomie présentée dans un scénario catastrophe ne devrait pas relever d’une protection sociale et solidaire gérée par la sécurité sociale mais d’une approche financière et mercantile supportée par les familles saupoudrée peu ou plus d’une teinte sociale fiscalisée et offrant au secteur privé assurantiel un marché juteux de plusieurs milliards.

Patronat et Gouvernement considèrent que le financement de la protection est un coût qui pèse négativement dans la capacité concurrentielle des entreprises.

La CGT avance une toute autre proposition ; celle d’un droit universel à l’autonomie reconnu tout au long de la vie, assuré par la solidarité nationale, géré par la branche maladie de la sécurité sociale ; ce droit reconnu doit être personnalisé au regard des situations de vie, et les réponses aux situations doivent être de proximité. En lien avec ce droit universel, la CGT avance la proposition d’un grand service public d’aide à la personne afin de reconnaitre et garantir un métier d’intérêt général et de missions publiques.

Le risque de rupture avec les principes fondateurs et les valeurs de solidarité de notre système de sécurité sociale est devant nous. Le gouvernement s’acharne à diviser les différentes catégories socioprofessionnelles, à stigmatiser et opposer pour arriver à ses fins. Hier c’était les Roms, l’islam, les immigrés aujourd’hui c’est les fonctionnaires, les parias du RSA ou les vieux à charge. Tout est bon pour éviter de parler du travail, de son organisation, des pathologies nouvelles issues de la transformation du travail, d’une répartition différente des richesses produites et d’une autre finalité que la précarité et le chômage comme développement de la société.

L’approche de la CGT vise au contraire à s’inspirer des valeurs et des principes défendus par les concepteurs de la Sécurité Sociale pour proposer des réponses appropriées aux défis contemporains liés à l’allongement de la durée de vie. L’aide à domicile, l’accueil en établissement, l’urbanisme, les services publics de proximité, le transport, l’accès aux soins, la prévention tous ces aspects sont concernés par la perte d’autonomie et renvoient à l’emploi la formation les qualifications et les parcours professionnels.

Cette approche est partagée par de nombreuses organisations syndicales et associatives, des professionnels de la santé ou des partis politiques.

Que + de 60% de nos concitoyens souhaitent aujourd’hui le maintien du financement de la perte d’autonomie dans un cadre national et solidaire géré par la sécurité sociale est aussi le résultat du travail d’explication mené dans le cadre de la bataille des retraites.

Gouvernement et Patronat sont en difficulté sur ce dossier, des lignes commencent à bouger.

La CGT s’en félicite même si la prudence et les mobilisations restent de mise.

Le gouvernement a entrepris depuis février 2011 une opération de communication dont l’objectif est d’avancer camouflé et tenter par la démagogie et le mensonge de parvenir à ses fins.

22 débats départementaux et 4 régionaux dont celui du 14 juin à Marseille, pas moins, pour prouver sa bonne foi, sauf que les parterres d’invités sont soigneusement triés sur le volet, le débat cadenassé et que les O.S. sont considérées comme personnel non gratta. Déni de démocratie, là encore, le // est saisissant avec 2010.

S’appuyant sur le communiqué unitaire des confédérations de retraités de 2010, la CGT a proposé aux organisations départementales de préparer en commun la riposte du 14 juin.

Nous regrettons leur absence aujourd’hui.

A l’inverse, nous nous félicitons de la participation commune des actifs et retraités à cette journée d’action.

Depuis le début d’année, + de 150 initiatives nationales impulsées par la CGT ont permis de sortir du débat d’initiés, le dossier « perte d’autonomie ».

Dans notre département, avec l’aide de l’UD et des UL, l’USR a multiplié les initiatives, les distributions de tracts et la communication avec notamment deux débats publics le 18 mai à La Seyne, le 19 à Draguignan ; aujourd’hui nous sommes ensemble à Toulon.

Empêcher Gouvernement et Patronat de légiférer contre l’intérêt commun et démanteler l’héritage du CNR, gagner une prise en charge solidaire du droit à l’autonomie et de son financement socialisé nécessitent un rapport de forces et une action collective qui s’enracinent et s’élargissent encore.

Le président de la République veut boucler le dossier avant fin décembre, par nos mobilisations et nos actions nous pouvons déjouer la manœuvre.

A nous de démontrer qu’une autre logique est possible.

Merci à tous.