Journal REsistance SOciale n° 94
Juin 2011
Mis en ligne le 1er juin 2011

Au sommaire ce mois-ci :

p.1 et 2 : L’édito / p.2 à 4 : 9èmes Vendémiaires – Première table ronde / p.5 à 7 : 9èmes Vendémiaires – Deuxième table ronde / p.8 : Programme des 9èmes Vendémiaires

L’édito de Marinette Bache

A l’ordre du jour de nos 9ème Vendémiaires qui se tiendront le samedi 25 juin 2011 à Paris, deux sujets au cœur de l’actualité : la privatisation de la Sécurité sociale, le matin, la centralité de la question des salaires et du pouvoir d’achat, l’après-midi.

La « réforme » de la dépendance n’est qu’une étape de plus dans la privatisation de la Sécurité sociale. Celle-ci, organisée à la Libération, est avant tout le résultat des luttes du mouvement ouvrier et de sa volonté de permettre à chacun d’avoir accès à des soins de qualité, de se protéger des accidents du travail, de pouvoir élever correctement ses enfants et, enfin, de se préparer une fin de vie décente. On voit bien comment, depuis plus de 25 ans, toute cette architecture de solidarité est remise en cause. Non seulement parce qu’elle soustrait aux puissances d’argent un gigantesque marché, mais aussi parce qu’il faut à toutes forces que la Finance gagne la lutte des classes et renvoie aux oubliettes les combats des salariés du 19ème siècle pour les assurances sociales et les mutuelles qui sont à la base de la construction de la solidarité. Dans les années 1990 –et même avant– les hôpitaux ont vu arriver les budgets d’austérité tandis que le déremboursement des médicaments et les franchises médicales se généralisaient. S’en prendre trop directement à la « Sécu » aurait été trop gros ; on a donc transféré la protection primaire de la Sécu sur la protection complémentaire assurée par les mutuelles. Puis on a organisé la mise en concurrence de ces mutuelles (fondées sur l’entraide et avec cotisations selon le revenu mais accès aux soins identique) par des assurances gérées par des groupes financiers. Evidemment, les classes moyennes ont été commercialement intéressées. Pour résister, les mutuelles se sont faites moins « mutuelles » et plus « assurances », présentant des packages où on « choisit » ses protections. Le mal était fait ; on était bien loin de l’esprit d’origine où les régimes spéciaux, fruits, comme les mutuelles, de luttes spécifiques, devaient à terme se fondre dans un régime général unique ! Une bataille idéologique de perdue.

Celle que nous avons à mener sur la dépendance est du même type. A partir de louables intentions : prendre en compte la perte d’autonomie des personnes âgées entre autres, on invente des « risques » supplémentaires ou on concocte des « branches » nouvelles sans prendre garde à la volonté sous-jacente de décrédibiliser la « sec-soc » et d’offrir aux assurances un pont d’or.

La table ronde de l’après-midi a la même préoccupation : démontrer comment depuis plus de deux décennies, la socialisation recule au profit de l’individualisation  ; et comment, bien sûr, le corollaire en est la dégradation du rapport capital / travail.

Dans la Fonction publique, en particulier la Territoriale, les salaires des catégories C et B stagnent. Dans le secteur public, l’emploi précaire se généralise. Le nombre d’allocataires de minima sociaux est effarant, ce qui n’empêche pas Laurent Wauquiez de vouloir « les mettre au travail gratuitement ». Le pouvoir d’achat du salaire est en baisse… et cela concerne au premier chef celui qui ne vit que de son salaire, pas du revenu de ses actions ! Comment vivre correctement avec le SMIC quand les loyers, le prix de l’énergie ou de l’eau, de l’essence ou des transports en commun flambent ? Quand on détruit les hôpitaux publics, l’école, la SNCF, quand on privatise EdF, les télécoms, les autoroutes ? Sans parler des retraites !

Mme Lagarde se plait à le rappeler : grâce à ses services publics, la France tient mieux face à la crise que ses voisins européens. Certes, les solutions du FMI et de l’UE n’ont pas encore été imposées à notre pays, contrairement à la Grèce ou au Portugal. Certes les jeunes sont moins nombreux place de la Bastille qu’à Madrid ou Barcelone. Pour combien de temps, quand le chômage des jeunes atteint 25 % en France, tandis que le salaire des grands patrons a doublé ? Tandis que l’injustice fiscale règne. Oui, beaucoup de nos concitoyens rognent depuis longtemps sur leurs loisirs et les vacances des enfants, sur les soins dentaires, … mais ils commencent à regarder de près les prix des produits de 1ère nécessité : je veux parler de l’alimentation : l’indice des prix alimentaires vient de battre des records !

Ce 2ème débat s’inscrira donc tout à fait dans la logique de la matinée.

Nous vous attendons tous, un an avant une élection cruciale, pour échanger sur le type de société que nous voulons réellement construire au-delà du simple rejet de l’actuel gouvernement.

Marinette Bache