Allemagne : Avec la reprise, les syndicats réclament la fin de la modération salariale
Source : le monde
Mis en ligne le 4 août 2010
Pour les syndicats allemands, le temps des vaches maigres est terminé. Après la série de bonnes nouvelles annonçant la reprise de l’économie outre-Rhin, les syndicats multiplient les revendications pour une hausse généralisée des salaires. Malgré les réticences du patronat, ils peuvent compter sur le soutien des économistes, qui considèrent la hausse des rémunérations comme inévitable.

Brusque poussée des exportations en direction des pays émergents, profits record dans certaines entreprises, fin du chômage partiel dans presque tous les secteurs, l’économie allemande semble bien sortie de la crise. Depuis, les experts s’accordent à considérer que l’objectif de 2 % de croissance pour 2010 est à portée de main. Pour les syndicats, pas question de laisser passer cet élan d’optimisme. Après une décennie de stagnation des rémunérations, consentie pour maintenir la compétitivité de l’économie allemande tournée vers les exportations, ils comptent bien peser de tout leur poids dans les prochaines négociations des tarifs de branche, dont certaines se tiendront dès l’automne. Dans l’industrie agroalimentaire, la construction, les transports, l’énergie et les services, les responsables affûtent leurs arguments.

"Le patronat doit se souvenir que dans les moments difficiles, nous nous sommes montrés extrêmement raisonnables", avance Dietmar Schäfers, du syndicat de la construction IG Bau, qui revendique "une portion supplémentaire" du gâteau de la croissance. "La flexibilité n’est pas à sens unique", estime le chef du syndicat IG BCE (mines, chimie, industrie), Peter Hausmann. "Par leurs sacrifices, les employés ont contribué à atténuer les effets de la crise, ils doivent être associés à la reprise", a déclaré, pour les services, la vice-présidente du syndicat Ver.di, Margret Mönig-Raane. "Nous devons obtenir une augmentation d’environ 3 %", considère Franz-Joseph Möllenberg, du syndicat agroalimentaire et restauration NGG (Nahrung-Genuss-Gaststätten). Dans les transports, les syndicats vont jusqu’à revendiquer 6 % de hausse des rémunérations.

Tous mettent en avant la nécessité d’augmenter les salaires afin d’encourager la demande intérieure. Ils montrent du doigt la diminution de la part des rémunérations dans le revenu national allemand ces dernières années et le faible taux d’augmentation par rapport à la moyenne européenne. "Il ne faut pas reproduire l’erreur que nous avons faite avant la crise et seulement nous orienter vers les exportations", prévient le président du syndicat NGG. Seul IG Metall reste sur la retenue. Dans le secteur de la métallurgie, les accords de branche courent jusqu’en 2012.

Du côté des organisations patronales, on freine des quatre fers. "Il serait fatal de menacer la pérennité de la reprise par des revendications salariales exagérées", a déclaré Dieter Hundt, président de la fédération des patrons allemands le 1er août.