Le G20 manque de relever le défi de l’emploi
Source : CSI ( Confédération Syndicale Internationale)
Mis en ligne le 1er juillet 2010
Grisés dans leur empressement de réduire de moitié leurs déficits fiscaux à l’horizon 2013 voire encore plus tôt, les dirigeants du G20 risquent de tituber tout droit vers une récession à double creux, d’après une délégation syndicale internationale présente à Toronto au terme du Sommet du G20.

« L’emploi et des salaires meilleurs sont essentiels pour la reprise économique, un fait que les leaders du G20 semblaient avoir reconnu l’année dernière », a déclaré Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI. « Cette année, ils envoient des signaux mitigés et ambigus qui risquent de compromettre les faibles élans de reprise.

« Il y a contradiction lorsque, dans leur communiqué final, les chefs d’État et de gouvernement parlent de réduire les déficits à l’horizon 2013 en même temps qu’ils accueillent les recommandations émanant de leurs propres ministres du Travail qui affirment que l’emploi devrait constituer une priorité », a relevé John Evans, secrétaire général de la TUAC.

« C’est le mauvais communiqué au mauvais moment – un texte singulièrement descriptif qui dénote une indifférence inadmissible face à une crise de l’emploi qui ne cesse de s’aggraver, cependant que des mesures anti-déficit prématurées risquent d’entraîner une nouvelle poussée du chômage », a ajouté Burrow.

Les syndicats ont néanmoins été encouragés par le fait que la chancelière allemande, Angela Merkel, qui s’est entretenue avec une délégation syndicale à Toronto le 26 juin, a soutenu les demandes syndicales en vue de l’inclusion dans la déclaration finale d’une référence à la récente conférence des ministres du Travail du G20 à Washington et a signifié l’intention de l’Allemagne d’accueillir une nouvelle Conférence des ministres du Travail du G20 au cours de l’année prochaine.

« Les dirigeants ont pour le moins entériné les recommandations récentes des ministres du Travail du G20. » « Ils ont, toutefois, manqué de fixer des dates pour le suivi de la conférence des ministres du Travail ou d’établir un mécanisme de consultation avec les syndicats et de mettre en œuvre des solutions à la crise axées sur l’emploi. »

« Le G20 avait mis sur pied un Cadre pour une croissance forte, durable et équilibrée, or les décisions qu’ils ont prises sont susceptibles de conduire le monde dans la direction opposée », a déclaré Evans. Et Burrow d’ajouter : « Pour ce qui est du cadre du G20, l’OIT doit être chargée de la tâche de rédiger les recommandations relatives à l’emploi et à la protection sociale, au centre de toute politique économique et sociale. »

Pour ce qui a trait à la réglementation financière, les syndicats ne cachent pas leur colère face à la poursuite des principes du « meilleur effort » à la place d’une action concrète et au manque de progrès vers une taxe sur les transactions financières.

La consultation est un autre problème. « Les organisateurs canadiens et coréens du G20 de cette année semblent accorder davantage d’importance aux côtoiements avec leurs groupes de dirigeants d’entreprise « B-20 » et « B-100 » qu’à l’inclusion des syndicats dans le processus », a souligné Burrow. « Ils devraient prendre garde : Aux quatre coins du monde, les travailleurs et travailleuses s’indignent face à l’idée qu’ils paieront bien gentiment le prix de la crise. Dans la rue comme aux urnes, les politiciens doivent s’attendre à les voir exprimer leurs sentiments très clairement. »

Par ailleurs, les syndicats sont profondément déçus par l’échec de la réunion des dirigeants du G8 à Muskoka, les 25 et 26 juin, à établir un calendrier clair pour l’augmentation des aides accordées en vue de la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement liés à la pauvreté, la santé infantile et maternelle ou l’accès universel au traitement du VIH/sida.

« Chaque engagement en matière d’aide est pris « sous réserve du processus budgétaire », procurant par là même un alibi pour le manque d’engagement politique réel des gouvernements du G8 », a déclaré Evans.

« Les dirigeants du G8 ne se sont pas, non plus, montrés avenants eu égard aux engagements financiers et aux objectifs requis pour répondre au changement climatique", a ajouté Burrow.