Journal "REsistance SOciale N° 49"
Juin 2007
Mis en ligne le juin 2007
Sommaire : Le mot de la Présidente/ Solidarité Internationale/ Les franchises médicales de Nicolas Sarkozy/ Politique énergétique : ouverture du marché à la concurrence le 1er juillet/ Il faut reconquérir le service public/ Notes de lecture/ Traité simplifié : que cherche à masquer Nicolas Sarkozy ?/ Coup de gueule

Le mot de la Présidente

Et maintenant ? On pourrait espérer un cinquième tour social.

Les réactions à la suite des premières propositions de la nouvelle majorité pourraient laisser croire, en effet, à une possible réaction sociale, comme celle qui a marqué les lendemains de l’arrivée de Jacques Chirac en 1995.

Qu’il s’agisse de la réforme des universités, de l’instauration d’un service minimum dans les transports, de la nouvelle organisation des tribunaux, aucun de ces projets n’a suscité un enthousiasme débordant, si ce n’est du côté des Sarkozystes les plus convaincus. Certes, le MEDEF s’est montré satisfait des premiers pas de Sarkozy, et notamment de l’adoption du paquet fiscal incluant le bouclier fiscal à 50% et la défiscalisation des heures supplémentaires. Mais même certains économistes libéraux doutent de l’efficacité de ces mesures, comme de celle de la TVA sociale, idée chère à Sarkozy mais peu goûtée par les hérauts de l’UMP, Raffarin en tête. Malgré des sondages élogieux pour l’action du nouveau Président et de François Fillon, plus directeur de cabinet que Premier ministre, les Français ne sont pas aussi naïfs que les médias voudraient nous le faire croire. Ils l’ont montré à l’occasion du second tour des élections législatives.

On pourrait donc espérer un cinquième tour social. Mais est-ce si sûr ?

Il ne faut pas nous cacher, en effet, la grande adresse de Sarkozy et la faiblesse idéologique de la Gauche.

L’adresse de Sarkozy. Il a su, avec une grande intelligence, diviser les Français, désignant, les uns après les autres, quantité de boucs émissaires. Les banlieues, abandonnées de la République, sont devenues par son entremise des zones à « karchériser ». Les jeunes sont tous des délinquants potentiels. Les chômeurs sont des paresseux. Les fonctionnaires également. En plus, ce sont des profiteurs, protégés et grassement payés. La France manque de dynamisme. Une des forces du candidat victorieux a été de savoir mentir honteusement avec un aplomb saisissant et en partant toujours d’une réalité qu’il déforme mais qui est durement ressentie par nos concitoyens.

Mais la force de Sarkozy tient aussi dans la faiblesse de la Gauche, dans le fait qu’elle ne croit plus en elle-même.

Combien de fois, et venant de partout, a-t-on entendu qu’il ne fallait pas faire de « démagogie » ? Qu’on ne pourrait pas relever nettement les salaires sans mettre en cause la santé de nos entreprises ? Qu’on ne pourrait maintenir notre régime de retraite ou de sécurité sociale ? Quant aux services publics, combien, à gauche, se satisferaient de délégations ? Qui réclame des renationalisations ? Qui réclame un Etat interventionniste ?

La gauche politique a peur d’elle-même !

La gauche syndicale se contente petitement de limiter la casse des acquis. Elle n’est jamais à l’offensive, elle n’explique pas le contexte global des luttes qu’elle mène. Mais peut-on le lui reprocher quand aucun débouché politique et mobilisateur n’est visible ?

Ne nous cachons pas la vérité. Le travail qui est devant nous est gigantesque. Et le chemin peut être long.

L’espoir est que foisonnent de partout des clubs de réflexion.

Cet échange, sans a priori, que nous avons souhaité à Réso dès 2003, semble aujourd’hui à l’ordre du jour dans les différentes sensibilités et organisations de la Gauche. Ce sera notre motif de satisfaction du mois. Et nous y participerons de toutes nos forces !

Marinette BACHE

Documents joints
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