Seule la CGT parle d’avancées à la SNCF après la grève
Point et réactions au 21 avril - Source : Reuters
Mis en ligne le 21 avril 2010

La CGT-Cheminots est seule à parler d’avancées obtenues grâce à la grève à la SNCF, deux autres organisations syndicales et la direction de l’entreprise réaffirmant, après des entretiens bilatéraux mercredi, l’inutilité de ce mouvement social long de quinze jours.

Les derniers bastions de grévistes ont quasiment tous voté le retour au travail à partir de jeudi. Sud-Rail, qui n’a cessé de prôner la poursuite du mouvement, ne devrait pas se rendre en fin d’après-midi à l’entretien proposé par la direction.

Comme avant la grève, la désunion syndicale était criante à l’heure de faire le bilan de ce conflit, le plus long depuis la réforme des régimes spéciaux de retraite à l’automne 2007.

Selon la CFDT et l’Unsa, qui ne sont pas entrés en grève estimant avoir déjà obtenu des avancées lors de négociations préliminaires, la position de la direction sur l’emploi et le fret, les deux premiers motifs de grève, n’a pas bougé.

A l’inverse, la CGT, premier syndicat de l’entreprise publique, affirme que la direction s’est dite prête à aller au-delà des 2.300 embauches promises pour 2010.

La direction dit n’avoir fait que confirmer les engagements pris début avril, quatre jours avant la grève, mais ajoute que si les départs à la retraite se multipliaient, de nouvelles embauches seraient envisagées.

« Il n’y a pas d’élément nouveau concernant l’emploi », a dit François Nogué, directeur délégué des ressources humaines à la SNCF, lors d’une conférence de presse à Paris. « Je leur ai dit que le volume de départ à la retraite risquait de s’accroître par rapport à nos prévisions et évidemment, nous en tiendrons compte », a-t-il ajouté de concert avec les délégués CFDT.

Aucune nouveauté n’a été annoncée sur la filialisation du fret, jugée impérative par la SNCF pour affronter la concurrence. Elle fera l’objet de nouvelles négociations à la mi-mai et ne sera pas mise en place avant la fin 2010.

« PAS DE PRIME À LA GRÈVE »

L’entreprise publique juge que la grève touche à sa fin, sur la base des assemblées générales tenues mercredi : les cheminots du Languedoc-Roussillon et Rhône-Alpes ont voté la reprise du travail mais des difficultés persistent sur l’activité fret.. La SNCF prévoyait un trafic normal sur les TGV national et international, sauf pour les liaisons province-province assurées à 80 %.

Pour François Nogué, l’entreprise a prouvé le bien-fondé de sa nouvelle doctrine de privilégier les négociations en continu. « J’espère que c’est un épisode qui pourrait servir de référence aux cheminots eux-mêmes », a-t-il dit. « Aujourd’hui nous ne donnons pas de prime à la grève, ce qui ne veut pas dire que les portes du dialogue ne sont pas ouvertes. »

« On discute en région mais on veut montrer à tout le monde qu’on peut obtenir des choses, avancer, sans avoir recours à ce levier extrême », a-t-il ajouté.

Prié de dire pourquoi Sud-Rail avait été convoqué à 17h00 [ce mercredi 21 avril], après le point presse de la SNCF et toutes les autres organisations, François Nogué a répondu, non sans gêne : « Je les ai invités en fonction d’éléments de mon agenda qui sont ce qu’ils sont, et voilà. »

L’organisation a dénoncé le remplacement de la table ronde prévue par des rencontres bilatérales. Elle a laissé entendre qu’elle ne s’y rendrait pas et n’avait pas donné de réponse en début d’après-midi.

Le secrétaire général de la CFDT Cheminots, Arnaud Morvan, interrogé sur le point de savoir si la CGT et Sud avaient commis une erreur en s’engageant dans la grève, a répondu : « Je n’ai pas à juger mes collègues, chacun fait ses analyses. Malheureusement, je pense qu’on a perdu des forces pour éventuellement combattre des velléités du gouvernement sur les retraites ».

Clément Guillou, édité par Gilles Trequesser