Mutation d’un directeur de La Poste qui voulait "exterminer" ses vendeurs
Souce : AFP / Libération.fr
Mis en ligne le 17 avril 2010

L’épisode illustre on ne peut mieux le cri d’alarme lancé la semaine passée par le syndicat FO de La Poste, qui fait entendre sa voix sur la souffrance dans l’entreprise publique. Le syndicat SUD-PTT s’indigne à son tour d’un courriel envoyé par le directeur des bureaux de Poste de Paris-Sud à ses directeurs de vente. Cette correspondance lui vaut « d’être affecté à d’autres fonctions qui ne le placent plus en responsabilité de forces commerciales », a indiqué la Poste ce mercredi [14 avril 2010].

Sa correspondance électronique parlait de « chasse ouverte » aux mauvais vendeurs, et de leur « extermination ».

Pour la direction de La Poste, « il s’agit d’expressions d’une totale maladresse, inappropriées à toute situation professionnelle et qui ne correspondent pas aux valeurs et aux modes de fonctionnement de La Poste, ni aux pratiques managériales de son auteur ».

« La chasse est ouverte »

Dans son courriel daté du 5 mars, Rémi Karcher, le directeur des bureaux de Poste de Paris-Sud (regroupant les bureaux de la rive gauche, ainsi que le XIIe et le XVIe arrondissement), annonçait à ses directeurs de vente que « la chasse » aux mauvais vendeurs était « ouverte, jusqu’à épuisement (rapide) des espèces qui ne sont pas protégées ».

Le syndicat SUD a obtenu le courriel de façon anonyme sous enveloppe. Rémi Karcher désignait dans son courrier les conseillers spécialisés en patrimoine, les conseillers clientèles, les conseillers financiers, et les gestionnaires de clientèles qui sont « à zéro ».

Lors d’une campagne commerciale pour un produit financier donné, un « vendeur à 0 » est celui qui n’a conclu aucun contrat du produit donné.

« Forte pression » et « niveau de stress important »

Pour Olivier Rosay (SUD-PTT), « c’est inadmissible, cela dépasse l’entendement ». Et le syndicaliste de dénoncer « les mauvaises conditions de travail » des conseillers financiers et conseillers clientèles, soumis à une « forte pression » et « un niveau de stress important ».

« Des gens sont à bout, en arrêts de travail, en dépression. J’ai vu des vendeurs qui pleuraient, qui n’arrivaient pas à faire leurs chiffres », ajoute Olivier Rosay.

SUD-PTT a écrit au PDG de La Poste Jean-Paul Bailly, au directeur général des bureaux de Poste et au président de la Banque Postale pour leur demander « une intervention prompte » et qu’ils « désavouent M. Karcher ».

Hospitalisé

Contacté par courriel mardi soir par l’AFP, Rémi Karcher a indiqué qu’il était actuellement hospitalisé. Il s’est dit « à bout » et « écoeuré par les procédés de certains membres du syndicat SUD ». Il a reçu ce mercredi des messages de soutien de certains responsables et salariés de La Poste, qui dans différents courriels dont l’AFP a eu copie, ont souligné son « management particulièrement humain », et sa « gestion « très humaine des situations individuelles difficiles ».