Journal "REsistance SOciale" n° 81
Avril 2010
Mis en ligne le 16 avril 2010

Au sommaire ce mois-ci :

Le mot de la présidente / Réforme des retraites : les positions en présence / Pôle emploi et le travail gratuit des salariés... / Urgence emploi / Le pouvoir d’achat en baisse en 2010 / Les services d’intérêt général en veilleuse / Contis : vous avez dit reclassement ? / Le montant de nos retraites décidé par des spéculateurs ?

Le mot de la présidente

Après les régionales, la vie continue…

Le prix du gaz augmente de manière vertigineuse (+ 9,7 %). Aucune explication économique rationnelle et sérieuse ne nous ayant été donnée, force est de supposer qu’il ne s’agit là que de la volonté, après le mariage GdF-Suez, de distribuer de meilleurs dividendes aux actionnaires. Pourtant, cette privatisation-fusion ne nous avait-elle pas été annoncée comme destinée à faire baisser les prix dans le cadre de la concurrence ? Cette augmentation masque d’ailleurs celle de l’énergie : l’électricité et l’essence sont aussi à la hausse.

Les salaires stagnent pendant que les revenus des patrons explosent, de même que les dividendes versés aux actionnaires. 17 % des salariés gagnent moins de 1000 € mensuels. Le gouvernement refuse d’augmenter le Smic et les fonctionnaires. On propose 0,9 % d’augmentation aux cheminots. Le premier des milliardaires français, patron de LVMH, a un revenu équivalent à celui de 13 000 smicards, mais ses employés doivent faire deux semaines de grève pour obtenir 2 %. Il est battu par Chanel, qui a proposé 20 € ( !) à ses salariés, tandis qu’il reversait 230 millions d’euros de dividendes à ses actionnaires.

L’emploi précaire se développe (CDD, contrats aidés de toutes sortes, intérim) au détriment des CDI. « Il faut sauvegarder la compétitivité de la France et de ses entreprises », martèle Fillon à la suite de tous les libéraux. Comme si chacun ne savait pas, aujourd’hui que le salarié français est plus compétitif – moins « cher » – que les Allemands ou les britanniques ; La productivité des travailleurs français est bien supérieure à celle des autres pays européens, et on nous serine encore que le mal français c’est son système social ! Quand ces dogmatiques vont-ils comprendre que les augmentations de salaires pour ces employés pressurisés ne feraient d’ailleurs que profiter à leurs entreprises ?

L’Etat donne l’exemple : des hôpitaux ferment, des maternités sont supprimées, à Paris on casse l’AP-HP (Cf. le « coup de gueule » du numéro de mars), il manque 50 000 places dans les maisons de retraite et les EHPAD, une nouvelle liste de 170 médicaments ne sera plus remboursée. Malgré l’immense succès de la votation citoyenne, La Poste supprime des tournées et ferme des bureaux de poste au profit de « points poste », prélude à privatisation. On organise un colloque sur la violence à l’école alors qu’on connaît en grande partie la solution : remettre du personnel dans les collèges et les lycées alors qu’il n’y a plus d’assistants sociaux, d’infirmiers, de surveillants et qu’on rogne sur le nombre de professeurs. Dans les transports, on prévoit la suppression de 7 600 emplois à la SNCF, tandis qu’on concéderait la ligne grande vitesse Tours – Bordeaux au privé pour 50 ans : une belle rente, du jamais vu depuis Napoléon III !

Ce tableau catastrophique de l’état de la France n’est hélas pas complet : il faudrait y ajouter les entreprises qui, chaque jour, ferment pour délocaliser ; il faudrait y ajouter les suicides liés aux malaises au travail ; il faudrait y ajouter les nombreux conflits sociaux que la désespérance des travailleurs amène quelquefois à être violents ; il faudrait y ajouter les 30 000 emplois à disparaître, cette année, dans le secteur du bâtiment…

Sarkozy, cela a été le retour de la droite sans complexe, du capitalisme débridé. On en voit aujourd’hui le résultat. Il serait temps que la gauche ne se contente plus de dénoncer, juste pour gagner des élections locales, mais travaille à un projet alternatif réellement appuyé sur les forces sociales.

Marinette BACHE

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