Conseil d’Orientation des Retraites : des chiffres qui se veulent effrayants mais qui, au contraire…
Par Jean-Jacques Chavigné et Gérard Filoche
Mis en ligne le 15 avril 2010

Le Figaro du 13 avril annonce, une journée avant la publication du dernier rapport du COR, les principaux chiffres de ce rapport.

Ces chiffres, loin de démontrer qu’une fatalité démographique ou financière pèserait sur nos retraites, démontrent, au contraire, que le financement de nos retraites ne dépend que du partage des richesses que la gauche et le mouvement social sauront imposer à la droite et au Medef.

Reprenons, le scénario C du COR, c’est le plus pessimiste mais le plus « crédible » (allez donc savoir pourquoi selon le Figaro).

1 - Le COR parle de « besoins de financement », c’est le Figaro qui titre sur le « trou » de nos régimes de retraites en 2050. Un besoin de financement, la différence d’un « trou » peut, par définition, être financé. Cela nous renvoie au partage des richesses : diminuer le montant des retraites en allongeant la durée de cotisation et en repoussant l’âge légal ou maintenir et améliorer ce niveau en augmentant progressivement la part patronale des cotisations retraites.

2 - Le COR estime que la productivité augmenterait de 1,5 % par an pendant 40 ans. Cela signifie donc que la productivité actuelle du travail serait multipliée par plus de 1,8 en 2050. Aussi le pétard dont nous menace le gouvernement est-il un pétard mouillé : « En 2010, il y a 1,8 cotisant pour 1 retraité ; il n’y en aura plus que 1,2 en 2050 et nous ne pourrons plus financer les retraites ». En effet, avec une multiplication par 1,8 de la productivité du travail en 40 ans, selon ce chiffre du COR, les 1,2 cotisants de 2050 produiraient autant que 2,2 cotisants aujourd’hui et donc beaucoup plus que les 1,8 du gouvernement. La question se ramène donc à savoir si ce sont les retraités ou les actionnaires qui profiteront de la part de l’augmentation de la productivité du travail qui devrait, dans un régime de retraite par répartition, revenir au financement des retraites.

3 - Le COR estime qu’en 2050, le « besoin de financement » de nos régimes de retraites serait de 115 milliards d’euros (constants, une fois l’inflation neutralisée). Il précise surtout que ces 115 milliards d’euros représenteront 3 % du PIB de 2050. Ce qui veut dire (il suffit de faire une règle de trois) que le PIB en 2050 serait supérieur à 3 800 milliards d’euros. Le PIB annuel est aujourd’hui d’un peu plus de 1 900 milliards euros. Selon les chiffres du COR, ce PIB devrait donc doubler en 40 ans et augmenter de 1 900 euros. A qui peut-on croire qu’il serait difficile, dans ces conditions, de trouver 115 milliards pour financer nos retraites ? Une fois ce financement assuré, il resterait encore 1 785 milliards d’euros pour financer l’augmentation des salaires directs, l’assurance maladie, la réduction du temps de travail, l’investissement public, les investissements privés productifs… A une condition, là encore, c’est que les actionnaires ne captent pas à leur profit, comme le prépare la contre-réforme du gouvernement Sarkozy et du Medef, la part de richesse qui devrait servir à financer nos régimes de retraites.

4 - Le COR retient le chiffre de 7 % de chômage à partir de 2020. Le chiffre précédent était de 4,5 %. Quel aveu de l’impuissance des politiques néolibérales à nous sortir du gouffre du chômage de masse ! Là encore, c’est la façon dont s’effectuera le partage des richesses qui décidera s’il faut financer les créations d’emplois ou les spéculateurs.