« Les retraites : un problème plus politique qu’économique »
Débats. Jean-Marie Harribey était l’invité d’Attac le lundi 15 mars 2010
Mis en ligne le 22 mars 2010
Au cours d’une soirée-débat organisée le 15 mars dernier par le groupe Attac-Souillac, Jean-Marie Harribey, économiste et auteur de nombreux ouvrages, a abordé le sujet épineux des retraites.

Après les réformes de 1993 et 2003, une nouvelle contre-réforme se prépare visant soit le recul ou la suppresion de l’âge de départ en retraite, soit l’allongement de la durée de cotisation, soit un changement de régime. L’évolution démographique laisse entrevoir une augmentation de retraités par rapport aux actifs. Si ces réformes sont menées à terme et si d’autres s’y rajoutent, le montant des retraites baissera, d’ici à 2040, de 20 % voire plus par rapport au niveau de vie. Un changement de régime nécessite une réforme profonde avec application d’un régime par points, entraînant dissociation entre prélèvement et redistribution, ou d’un régime par points notionnels. Dans ce cas, compte tenu de l’espérance de vie, le calcul du montant mensuel sera réparti sur le nombre de mois restant à vivre et, bien sûr, les petits salaires retarderont le plus tard possible leur départ. Selon Jean-Marie Harribey, il faut définir une alternative pour le financement des retraites et de l’ensemble de la protection sociale, notamment par un autre partage de la valeur ajoutée.

Trois leviers permettront d’équilibrer l’assurance vieillesse : le taux de remplacement (niveau de pension), le taux de cotisation et le ratio cotisants/retraités (à l’inverse du ratio de dépendance).

Alors que les parts des salaires et fonds de pension n’ont pas augmenté proportionnellement à la richesse produite au profit des actionnaires, il faudrait faire cotiser ces profits par le biais de l’élargissement de l’assiette des cotisations aux dividendes, voire à l’ensemble de la valeur ajoutée.

Mais on ne peut partager les gains de productivité qu’à condition que production et productivité continuent à augmenter et la croissance ne pouvant être infinie, il faut apprendre dès maintenant à partager le gâteau.

« Les retraites sont plus un problème politique qu’économique avec, en enjeu, un choix de société » , conclut Jean-Marie Harribey.

Soit on approfondit les inégalités, avec la dégradation des conditions de vie, pour donner de nouveaux espaces au capitalisme, soit on fait jouer la solidarité entre les générations par le biais de la transmission d’une dette sociale, qui rappelle le principe du don mais avec une dimension collective.

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