USA : Le suicide comme traitement médical économique
Traduit d’un article de foxnews par Jean-Claude Chailley
Mis en ligne le 28 septembre 2008
L’Oregon propose aux malades en phase terminale un suicide médicalement assisté au lieu d’une aide médicale (Medicare)

Article original de foxnews cliquez ici

Portland, Oregon. Quelques patients en phase terminale qui se sont adressés au service médical (Health Plan) de leur état ont essuyé un refus. A la place, on leur a proposé un suicide assisté par un médecin, une proposition qualifiée par certains experts de perversion de l’éthique médicale « qui fait froid dans le dos ».

A la suite de l’extension de son cancer de la prostate, Randy Stroup, de Dexter, est engagé dans un combat pour la survie. N’ayant pas d’assurance maladie et incapable de payer la très onéreuse chimiothérapie, il a demandé une aide médicale à l’état (il s’agit de l’état de l’Oregon, équivalent approximatif de nos régions NdT). L’association « Lane individual Practise Association », qui gère le Plan Santé dans ce County (équivalent approximatif des cantons), a répondu que l’état ne couvrirait pas le coût élevé du traitement, mais paierait le coût d’un suicide assisté par un médecin. « J’en suis tombé de ma chaise » a dit Randy Stroup à Fox news. « Comment peuvent-ils ne pas payer pour des médicaments qui m’aideraient à vivre, et m’offrir de payer pour mettre fin à ma vie ? »

La lettre, qui a été envoyée à d’autres patients en phase terminale de l’Oregon, suit les directives établies par la législation de cet état. L’Oregon ne couvre pas les traitements prolongeant la vie, à moins qu’il y ait plus de 5 % de chances que les malades survivent 5 ans. Mais il couvre les frais d’un suicide assisté par un médecin. Il le définit comme un moyen de fournir un confort pas différent d’un traitement à l’hospice ou de médication anti- douleur. « Ca fait froid dans le dos quand vous y pensez » dit le Dr William Toffler, un professeur de médecine à l’université. « Ca instille au malade l’idée que continuer à vivre ne vaut pas la peine ».

Les officiels de l’état ont insisté sur la prévention et la maîtrise des coûts (cost efficiency) lorsqu’ils ont publié leur dernière Liste Prioritaire de Services de Santé. Le docteur John Sattenspiel, directeur médical en chef, a défendu ces mesures : « J’ai eu des malades qui considéreraient que c’est une partie de la panoplie de services de confort ou palliatifs à leur disposition, ça les rassureraient dit Sattenspeil. « ça dépend vraiment de chaque patient ».

Pour le Dr Toffler, c‘est une pratique d’une dureté qui va contre les conventions médicales. « ça pervertit la pratique médicale en vigueur depuis 2000 ans » dit-il. « Ca en coupe le souffle ».

L’Oregon est le seul état à légaliser le suicide médicalement assisté, mis en œuvre en 1997. Depuis cette époque, on a recensé 341 cas dans lesquels des docteurs ont administré des doses mortelles à des malades pour mettre fin à leur vie. Les électeurs ont soutenu 3 fois la loi « mourir avec dignité » et le Dr Sattenspiel dit que c’est à l’état d’informer les patients sur toutes leurs possibilités légales.

Mais, pour Randy Stroup, le suicide n’a jamais été une option. Il s’est battu et le Plan Santé de l’Oregon est revenu sur sa décision et paie maintenant pour la chimiothérapie, lui donnant l’espoir qu’il sera là encore un moment pour sa maman de 80 ans et ses 5 petits enfants.

Certes, il s’agit d’un état aux USA, l’Oregon. Mais il montre bien ce à quoi conduit l’obsession de réduire les coûts : à refuser de soigner et ne laisser d’autre choix au malade que de se tuer.

En France, on n’en est heureusement pas là. Mais, face aux multiples franchises, aux menaces permanentes de déremboursement partiel des ALD (longues maladies, coûteuses, dont le cancer), il faut rester très vigilant. Les projets de loi en cours, PST (Patient, Santé, Territoire), PLFSS, quelles que soient les dénégations, ont pour but réel de privatiser et de faire des économies pour atteindre l’équilibre budgétaire en 2012.

Le COR (Conseil d’Orientation des Retraites) organise le 16 octobre un colloque sur le système de retraite suédois. Dans l’invitation, il est rappelé qu’en Suède le montant des retraites dépend de l’espérance de vie. Décidément, c’est une notion contagieuse. Je suppose que le retraité doit recevoir une lettre du genre « suite à votre dernier examen médical, votre espérance de vie est de 2 ans et demi. En conséquence, vous avez droit à une retraite de X ». ça doit améliorer la qualité de vie ! La France n’est pas l’Oregon, ni la Suède, mais la mobilisation contre le PST, la privatisation de la santé, pour la préservation de la Sécurité Sociale, est d’une actualité brûlante.

Traduction parue dans la rubrique « Solidarité internationale » du mensuel « Résistance Sociale » n°62, septembre 2008