Tunisie : Grogne chez les hospitalo-universitaires
Mis en ligne le 16 février 2009

Ils réclament la reconnaissance de leur statut d’enseignants

Les enseignants hospitalo-universitaires n’ont pas assuré leurs cours durant les journées du 10 et 11 février, dans les facultés de médecine de Tunis, de Sousse, de Monastir et de Sfax, ainsi que dans les facultés de pharmacie et de médecine dentaire de Monastir. Ils n’ont pas également, prodigué les soins non urgents dans les Centres Hospitalo-universitaires durant la journée du 11.

Les enseignants de la faculté de Médecine de Tunis ont tenu le 11 février une Assemblée Générale où ils ont décidé de : « continuer leur mouvement de protestation jusqu’au 13 février », sous forme de grève des cours.

Ils ont décidé d’appliquer à la lettre la décision du Syndicat National des Hospitalo-universitaires qui avait appelé à ne pas dispenser les cours du mardi 10 février au vendredi 13 février dans les facultés et de ne pas assurer les soins non urgents pour la journée du 11 février dans les Centres Hospitalo-universitaires.

Les enseignants des facultés de Sousse, de Monastir et de Sfax ont suivi le mouvement durant les journées du mardi (pas de cours) et du mercredi (pas de cours et de soins non urgents). Mais ils ont décidé de reprendre normalement le travail à partir d’hier.

Les doléances

Du côté du syndicat des hospitalo-universitaires, on conteste l’accumulation des problèmes en suspend et l’absence d’actions efficaces pour leur dépassement : « Nos requêtes sont anciennes et elles touchent tous les aspects du monde hospitalo-universitaire : les conditions de travail, l’infrastructure et l’enseignement », dit le Professeur Khélil Ezzaouia, le Secrétaire Général du Syndicat des Hospitalo-universitaires, poursuivant : « Même la mise à niveau promise pour les Etablissements Publics de Santé qui est censée faciliter notre travail, tarde à se concrétiser. La réforme de l’assurance- maladie n’a pas réduit les flux de patients dans les hôpitaux. Au contraire, ce flux a augmenté. Un rendez-vous d’IRM à Charles Nicole attend actuellement plus de quatre mois. C’est l’unique appareil dans le Nord de la Tunisie et on ne peut plus envoyer les patients dans les établissements privés parce que la CNAM ne prend en charge que 75 % des frais. Avant, le patient était entièrement pris en charge.

L’hôpital a désormais subi la « CNAM »

Un autre Sénior explique : « Alors que les autres enseignants universitaires enseignent une dizaine d’heures par semaine, nous nous retrouvons avec des semaines de cinquante heures entre l’enseignement universitaire et les services hospitaliers, sans parler de l’encadrement médical et académique. Nous sommes victimes de notre sens du devoir. Nous répondons toujours présents à l’appel du devoir parce que nous sommes conscients qu’un manquement aurait inéluctablement des conséquences sur l’enseignement académique des étudiants ou sur la marche du service hospitalier. L’écrasante majorité des Séniors, travaillent même durant les après-midi, non dans le cadre des Activités Privées Complémentaires « APC » mais, plutôt, dans le cadre de son service normal. On est tout le temps sollicité pour des interventions ou des conseils et on le fait de gaieté de coeur car c’est un travail que nous aimons et auquel on a consacré nos vies ».

Les hospitalo-universitaires contestent spécialement l’indifférence de l’administration par rapport à leurs doléances. Ils lui reprochent d’accepter théoriquement toutes leurs doléances et de leur promettre des solutions qui ne se réalisent pas. « Ne nous ont-ils pas promis en juin dernier d’accéder à nos demandes. Suite à quoi, nous avons annulé notre grève ? », s’exclame un autre.

Du côté de l’administration, on n’est pas parvenu à obtenir la position du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Technologie. L’attaché de presse étant en déplacement à Gafsa et le Chef de cabinet n’a pas répondu aux éclaircissements demandés.