Journal RESO n° 239
Septembre 2024
Mis en ligne le 20 septembre 2024

Au sommaire ce mois-ci :

p. 1 et 2 : L’édito / p. 2 : International : Allemagne – Turquie - Etats-Unis / p. 3 à 6 : Place au débat : Après les déroutes électorales, mettre leur austérité en déroute / p. 6 : Les bras m’en tombent / p. 7 : Actualité sociale : Duralex – Valéo – Poulain / Avez-vous remarqué ? /p. 8 : Coup de gueule : Que reste-t-il de notre République ?

L’édito de Pierre Kerdraon

Ainsi, il aura fallu près de 60 jours à Macron pour nommer un Premier ministre. Faisant fi des résultats des législatives, celui qui se voulait Jupiter a choisi le plus compatible avec Le Pen et le Rassemblement national. C’est une insulte non seulement à la gauche mais aussi à tous les électeurs qui se sont massivement rassemblés dans le Front républicain pour faire barrage à l’extrême-droite. Au-delà du prétexte que Lucie Castets, la candidate du Nouveau Front Populaire, risquait d’être censurée dès son discours de politique générale, ce choix illustre la volonté du Président de faire barrage à la gauche. Pourtant, Lucie Castets a su en quelques semaines apparaître comme une candidate crédible à la fonction de Premier ministre. Après le 1er ministre le plus jeune de la cinquième République, nous avons donc droit au plus âgé. Gaulliste social nous chante la presse aux ordres des milliardaires. Mais qu’y a-t-il de social dans le parcours politique de celui qui, en 1981, a voté contre la dépénalisation de l’homosexualité ? On cherche en vain une mesure de justice sociale prise par cet ancien commissaire européen, plusieurs fois ministre sous les présidents de droite. Certes, il n’est pas facile de décrypter ce qu’a voulu le peuple en donnant une Assemblée nationale morcelée en trois blocs antagonistes. Néanmoins, ce n’est certainement pas ni la continuation du macronisme ni un virage à droite toute sur le plan social. Le peuple n’a pas abandonné son souhait de voir abrogée la réforme des retraites ni son désir d’une augmentation des salaires – et pas seulement du SMIC – ou d’un effort important en faveur des services publics, à commencer par l’éducation et la santé. Il ne faut évidemment pas s’attendre à ce que ces souhaits soient exaucés avec un premier ministre dont la survie dépendra plus que jamais du Rassemblement national. (...)

Il ne faudrait cependant pas croire que la nomination de Barnier lui ouvre un boulevard, d’autant qu’on constate ses difficultés à constituer son gouvernement. Fort de ses presque 200 députés, le Nouveau Front Populaire sera sans aucun doute capable de rendre difficile l’adoption de certaines mesures. Pour en imposer d’autres, plus que jamais la gauche politique doit chercher des convergences avec le monde syndical et associatif car une Assemblée nationale sans majorité nette sera sans doute plus réceptive que la précédente face à la colère populaire. Il est en effet probable qu’une nouvelle dissolution se solderait par l’arrivée au pouvoir du Rassemblement national. Même si a contrario l’alliance de fait Macron/Le Pen pourrait ouvrir les yeux des électeurs sur ce qu’est vraiment le parti de Jordan Bardella. Pour sa part, Résistance Sociale n’entend pas baisser les bras et continuera d’agir avec d’autres pour que renaissent « les Jours heureux ».
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