Energie : ce n’est pas aux salariés de payer la note !
Par Charles LABATIE - Journal RESO n° 219 - Novembre 2022
Mis en ligne le 19 novembre 2022

La guerre en Ukraine est du pain bénit pour justifier l’ensemble des politiques de rigueur, écouler le gaz de schiste américain et spéculer à outrance : 30 méthaniers attendent au large des côtes de l’Europe que l’hiver se fasse plus rude et donc que les cours du gaz explosent. Voici donc venu le temps des ministres en gros pull, soucieux de la planète et de la gabegie énergétique. Les restrictions proposées par le gouvernement concernent toujours les mêmes : les salariés et les précaires.

Réduire l’empreinte carbone est un impératif mais le meilleur moyen ce serait encore de réindustrialiser : si les émissions territoriales ont diminué, entre 2000 et 2018, d’environ 550 Mt CO2 à 445 Mt CO2, dans le même temps notre empreinte carbone passe de 700 Mt CO2 à 749 Mt CO2 (rapport Haut Conseil pour le climat, octobre 2020) du fait de l’augmentation des importations qu’entraîne la désindustrialisation !

Les PDG des multinationales peuvent passer leur temps en jet chauffé à 23° sans que personne ne s’en soucie. Certes ils sont peu nombreux, mais quelle est leur empreinte carbone ? Un passager de jet émet PAR TRAJET entre 342 et 851 kg de CO2 selon le jet, pendant que vous et moi émettons environ 8 tonnes de CO2 PAR AN ! Et ce serait à nous de faire attention, de modifier nos modes de vie alors que déjà nombre d’entre nous sont obligés de se restreindre sur tout !

Qui doit payer ? Dès qu’il s’agit de demander un effort aux nantis, de taxer les profits, c’est difficile à contrôler et à faire. Par contre pour diminuer le chauffage dans les logements collectifs, pour empêcher les salariés d’avoir des chauffages d’appoint et les contraindre à travailler avec le thermomètre bloqué à 19°C dans des locaux mal isolés, c’est facile à exiger et à contrôler ! Peu importe qu’aucun investissement massif n’ait lieu pour l’isolation du bâti (sauf des primes distribuées n’importe comment à la grande joie de patrons peu scrupuleux du BTP) … pourvu qu’on ne les mette pas à contribution ! Taxer les plus-values ? Vous n’y pensez pas !

Non, ce n’est pas aux salariés de se restreindre, de payer directement ou indirectement via leurs cotisations ou leurs impôts, la gabegie financière des nantis, les plus-values, la spéculation financière, l’évasion fiscale, la loi NOME de privatisation, le non-investissement des gouvernements successifs dans le nucléaire ! Oui, même le non investissement, car si l’État restreint ses coûts c’est pour diminuer l’impôt des plus riches, exonérer les grandes fortunes et les capitaux des multinationales !

Exigeons que ces profiteurs paient !