Mieux vaut rouge que vert !
coup de gueule : Par Denis COLLIN
Mis en ligne le 23 juillet 2021
Plus per­sonne n’ose se pré­sen­ter devant les électeurs sans affir­mer, des tré­mo­los dans la voix, son enga­ge­ment plein et entier dans la lutte contre le réchauf­fe­ment cli­ma­ti­que et pour orga­ni­ser « la tran­si­tion énergétique ». L’écologie a donc triom­phé ? En réa­lité, nous sommes confron­tés à une vaste entre­prise pro­pa­gan­diste, par­fai­te­ment conforme aux gran­des figu­res de l’idéo­lo­gie domi­nante, qui n’est jamais que l’idéo­lo­gie de la classe domi­nante, et qui sert par­fai­te­ment les inté­rêts des gran­des puis­san­ces capi­ta­lis­tes, finan­ciè­res ou étatiques.

La seule question intéressante pour nous, humains, est de savoir comment nous pou­vons préserver, aussi longtemps que possible le milieu naturel dans lequel nous vivons. Il faut méditer cette phrase de Marx qui consi­dère que « la nature est le corps non organi­que de l’homme ». C’est le seul point de vue humaniste (« anthropocentré ») possible. Or l’écologie politique est le plus souvent radica­lement antihumaniste. Il nous faudrait alors séparer clairement ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous. Comparé au climat des hommes qui ont peint les grottes de Lascaux, notre climat a profondément changé et le « réchauffement » ne date pas d’hier et pour l’essentiel l’activité humaine y est étrangère. De même que le mini-âge gla­ciaire qui commence après l’an mille et trans­forme le vert Groenland en continent de glace et de neige n’est pas dû aux éleveurs de vaches scandinaves qui s’y étaient installés. En revanche, la pollution des eaux et de l’air dépend largement de nous, comme dépend de nous l’artificialisation croissante des sols, l’épuisement des ressources naturelles possi­bles, la destruction des insectes par les insec­ticides et autres pesticides, etc. Ce qui dépend de nous est ce qui dépend de notre mode de production, c’est-à-dire de la manière dont les hommes se rapportent à la nature extérieure et à leur propre nature dans la production des conditions de leur vie et donc de leur vie elle-même.

Si on prend au sérieux les questions liées à la manière dont l’homme habite la Terre, à ce que Berque appelle écoumène, on ne peut éviter de revenir à Marx et à la nécessaire transformation radicale des rapports de pro­duction. Que produit le mode de production capitaliste ? Non pas des richesses utiles à l’homme mais d’abord de la valeur qui doit se valoriser. Et son principe fondamental est l’accumulation illimitée du capital. Ce proces­sus, comme le montre Marx, conduit à la des­truction des deux sources de la richesse, la Terre et le travail.

Autrement dit, la défense des conditions natu­relles de la vie humaine est une part de la lutte séculaire des travailleurs contre le capital et il n’y a rien de sérieux à attendre de l’envi­ronnementalisme, du naturalisme, de l’écologisme profond ou superficiel porté par les EELV, pas plus que des « extinction rébel­lion » et autres disciples hallucinés de Mlle Thunberg. Ils sont simple­ment des candidats au rôle de béquille du capital, comme le montre à l’envi l’exemple des « Grünen » en Allemagne. Et il n’y aura pas d’alternative à Macron tant qu’on ne se débarrassera pas de ces macronistes repeints en vert.