Soignons nos hôpitaux !
Par Marianne JOURNIAC - Journal RESO n° 202, avril 2021
Mis en ligne le 24 avril 2021

Depuis 25 ans, de plan d’austérité en plan d’austérité, nos hôpitaux publics, nos personnels soignants et la population ont payé le prix fort.

De 1993 et 2018 plus de 100 000 lits ont été fermés en France. Et, en 2019, le gouvernement Macron a encore décidé de supprimer 3400 Lits. Cela se rajoute à des milliers de suppressions de postes de soignants entre 1993 et 2018. Ces diminutions drastiques de lits ont entrainé la fermeture de lits en réanimation. Pas plus de 5 000 lits de réanimation en France contre 15 000 en Allemagne.

Pourtant, depuis des années, des collectifs citoyens se sont créés dans toute la France, avec souvent le soutien des maires, se sont mobilisés pour défendre leur établissement, leur maternité, les services spécialisés et ont alerté les pouvoirs publics.

Les conséquences de ces politiques de santé, ce sont des services et des équipes désorganisés. Pour les usagers c’est l’attente de plusieurs mois pour obtenir un rendez-vous en consultation comme en hospitalisation.

La situation était déjà catastrophique. Aujourd’hui la crise de la Covid 19 a été révélatrice et a mis en exergue la casse de l’hôpital public.

L’afflux des patients atteints de la Covid 19 a obligé les décideurs à stopper toutes les activités programmées et l’hôpital s’est transformé en unité de soins critiques. Les salles d’opération ont été transformées en lits de réanimation.

Mettre en pause les soins de santé primaire, c’est lourd de conséquences, c’est déclencher une autre forme de pandémie. Ce sera à moyen terme une multiplication de cas graves.

Tous les hospitaliers ont assumé et ont permis de faire face à la première bataille. Nos élèves infirmiers et nos étudiants en médecine ont été réquisitionnés pour aider les soignants. Les aides-soignants ont suivi une formation expresse pour intervenir auprès des patients hospitalisés en réanimation.

Cette crise pandémique a été l’implacable révélateur du manque d’anticipation du gouvernement ultra-libéral de Macron : pas de masques pas de tests, pas de traçage, pas d’accompagnement des patients positifs, ruptures de médicaments… Ce sont aussi des milliers de personnels soignants qui ont été contaminés .

Le « Ségur de la Santé », tant vanté par son Ministre, n’est pas été à la hauteur. Les 183 euros ne permettent pas rattraper les retards accumulés du point d’indice. Nous sommes à la 22ème place des rémunérations des personnels infirmiers de l’OCDE.

Le coût de cette pandémie a été chiffré à 15 milliards d’euros pour la Sécurité sociale.

Pourtant le Gouvernement Macron continue : il a décidé d’un nouveau plan d’économies de 1,3 milliards d’euros. Aujourd’hui, l’accès aux soins de qualité pour de la population n’est plus. Notre système de santé est, lui aussi, en réanimation.

Ca suffit ! Stop à la « rationalisation » de l’offre de soins, stop à la « maitrise comptable » des dépenses de santé. Il faut redonner à l’hôpital public tous les moyens financiers, humains, et matériels nécessaires pour répondre aux besoins de la population. Il faut revaloriser la recherche publique. Il faut rendre attractif le métier de soignant et redonner confiance au personnel hospitalier car demain, c’est plus de 100 000 soignants qu’il faudra embaucher pour ouvrir des lits et « soigner » nos hôpitaux !