A Samuel Paty, nous devons...
Edito de Marinette Bache, journal RESO n° 196 - Octobre 2020
Mis en ligne le 3 novembre 2020

A Samuel Paty, nous devons de nous souvenir du courage dont il a fait preuve pour s’affronter au tabou des caricatures afin d’exposer à ses élèves ce qu’est la liberté d’expression.

A Samuel Paty, nous devons d’emprunter un peu de ce courage pour cesser de nous incliner devant les injonctions des islamistes.

A Samuel Paty, nous devons la vérité, celle de ne plus trouver d’excuses à ceux qui, au nom de la pratique intégriste d’une religion, sèment la crainte dans nos quartiers et tuent.

Combat laïque, combat social. L’un et l’autre sont indissociables. L’un ne surpasse pas l’autre. Et on ne mène pas l’un sans l’autre. Le peuple ne le veut pas et nous reste sourd quand on l’oublie.

Qu’ils se taisent ceux qui prétendent combattre l’islamisme alors qu’ils abandonnent les quartiers à la misère sociale et intellectuelle. Alors qu’ils mettent les sociétés de HLM au pain sec, les contraignent à des économies comptables qui participent à la dégradation accélérée des logements sociaux. Alors qu’ils ferment les services publics : bureaux de poste qui baissent le rideau, transports publics qui ne desservent plus certaines rues trop dangereuses pour les chauffeurs, médecins qui fuient leur cabinet sous la menace des dealers, agences EdF, de la CPAM, centres des impôts qui disparaissent et contraignent les usagers à faire des kilomètres pour bénéficier de services qui leur sont dus. Les pompiers n’osent plus y pénétrer pour éteindre les feux de poubelles : marre d’être caillassés. Caillassés, comme tous ceux qui portent un uniforme -qui symbolisent l’État. Il y a longtemps que les agents de police -surtout les jeunes femmes, pire si elles sont noires ou maghrébines, regagnent leur domicile en civil et taisent leur profession. La police de proximité, celle qui connaissait les habitants et leur parlait, a déserté. On ne voit plus que la BAC. Et les emplois, particulièrement les vrais emplois avec un vrai statut, sont à peu près inexistants…

Quant à l’école, c’est à désespérer. Ceux qui en ont les moyens, Français de « souche » ou de « 2ème génération » pareillement, fuient des classes où le niveau a baissé et où l’islamisme pénètre, en douceur d’abord par le port du voile pour les mères accompagnatrices, ensuite par les filles munies d’un certificat médical de complaisance pour ne pas pratiquer le sport.

Oui, nombreux sont ces quartiers abandonnés, non pas à eux-mêmes, mais à l’islamisation rampante.

Ça couterait cher d’y réinstaller des bureaux de police, des services de proximité ? Ca couterait cher de redonner des moyens à l’école publique, de dédoubler les classes, d’instaurer dans les locaux des aides aux devoirs, d’embaucher des surveillants et des accompagnateurs pour les sorties scolaires ?

Eh bien cela couterait moins cher que de livrer une génération de déshérités au fanatisme religieux ! Ils sont nos compatriotes ou les hôtes de la République. Nous leur devons tout, exactement tout, ce que donne et doit donner la France à l’ensemble de ses enfants.

Et, en échange, nous exigerons le respect de la France républicaine. Et naturellement, ils aimeront leur pays.

Car le combat laïque est l’autre face du combat social.

Qu’ils se taisent ceux qui, au prétendu nom d’une « culture différente » leur dénient l’universel. Il n’y a pas de culture qui soit au-dessus de la commune humanité. Au nom d’aucune culture, d’aucune « ethnie », d’aucune origine sociale, d’aucune religion, on ne doit accepter l’infériorisation de la femme.   Dans notre République, il n’y a pas de race (concept scientifiquement erroné d’ailleurs) qui aurait un droit -ou un devoir- qu’une autre n’aurait pas. Il n’y a pas de race à discriminer, pas de race à privilégier. Quelle qu’elle soit. Il n’y a pas de race qui aurait des droits au nom de l’Histoire. Il n’y a pas de responsabilité collective sur le passé. Ni des « Gaulois » pour lacolonisation. Ni des Maghrébins pour la mise en esclavage des subsahariens.

Il n’y a pas de religion qui peut s’arroger le droit de censurer sur la voie publique, dans les services publics, dans les médias et dans la transmission du savoir à l’école. Surtout pas à l’école où aucun signe religieux ne doit être toléré.

Et par-dessus tout, qu’ils se taisent les « oui mais ».

Qu’ils se taisent ceux qui pensent que les journalistes de Charlie, fallait pas les tuer même s’ils l’avaient bien cherché avec leurs blasphèmes, que Samuel Paty, c’est horrible cette décapitation mais pourquoi faisait-il de la provocation ? Et combien d’autres de ces posts lâches, hypocrites et indignes sur les réseaux sociaux…

Qu’ils se taisent ceux qui, gauchistes, racialistes, indigénistes, bref tous les anti-progressistes, qui pensent que la laïcité est une opinion à combattre alors que, il faut le dire et le redire, c’est la liberté d’avoir une opinion. Construite en raison hors des dogmes imposés.

Qu’ils se taisent et que la honte les submerge quand ils osent appeler au rassemblement de la place de la République alors que la veille -la veille !- ils préparaient une pétition contre la laïcité opportunément retrouvée par le Canard enchainé.

Combat laïque, combat social. Indissolublement.

Nous sommes peu à le dire croyez-vous ? Nous sommes peu, trop peu dans les organisations politiques, syndicales, associatives. Notre force est dans le peuple qu’ils méprisent.


Cet édito n’était pas terminé que l’islamisme tuait à nouveau à Nice.

Qu’ajouter sinon ma colère ? Ma colère vis-à-vis de tous les hypocrites qui, pas en Turquie, en Arabie saoudite ou au Pakistan, mais ici, en France, ont fait semblant de condamner la décapitation de Samuel Paty pour, le lendemain, rappeler qu’on ne peut pas caricaturer la religion des musulmans, confondant ainsi croyants et fanatiques. En fait ce sont eux les islamophobes.