Le point sur la crise du coronavirus
Journal RESO n° 191 - Avril 2020
Mis en ligne le 29 avril 2020

Nous plaçons cet article dans la rubrique "Asie" puisque l’épidémie de COVID-19 est partie de Chine, mais elle concerne le monde entier.

Il faut le dire clairement : l’impact du coronavirus, principalement en matière de décès, n’est pas le même selon les pays. Et malgré la présentation qu’en a fait Macron dans sa dernière intervention de 27mn, la France n’est pas bien placée. Il a surtout cherché à dédouaner son gouvernement de toute responsabilité tant dans la préparation -l’impréparation !- de La France à la crise sanitaire que dans sa gestion de celle-ci.

Impréparation d’abord. Rappelons quelques chiffres. Nous sommes passés de 11 lits d’hospitalisation en 1980 pour 1000 habitants à 6 lits. L’Allemagne, qui n’est pas un pays collectiviste, en a 50 % de plus ; elle possède également le double de lits de réanimation rapporté au nombre d’habitants. Certes l’Italie ne fait pas mieux… mais les résultats sont similaires. Quant aux Etats-Unis, leur taux de mortalité s’explique déjà par le fait qu’ils ont moitié moins de lits que la France mais aussi par une importante inégalité dans l’accès aux soins.

Au-delà du système de santé public dévasté, non seulement sur la question des lits mais également à tra-vers les fermetures de services quand ce n’est pas d’hôpitaux, il manque également cruellement de personnel médical et soignant. Ce n’est pas nouveau qu’on doive faire appel à des médecins étrangers -en les sous-payant d’ailleurs, mais aujourd’hui on embauche, avec un défraiement dérisoire, les élèves des IFSI. Et on s’aperçoit maintenant du manque de personnel infirmier formé aux salles de réanimation.

Et la question des masques ! Nous savons que les usines qui en fabriquaient sur le territoire national ont été fermées et/ou délocalisées. Alors que la France manque cruellement de masques face à l’épidémie de coronavirus, une entreprise française, installée en Bretagne, qui pouvait en fabriquer jusqu’à 200 millions par an, a fermé en 2018 après avoir été rachetée par un groupe américain. Et ce n’est pas faute, pour les organisations syndicales, d’avoir attiré l’attention d’un gouvernement sourd et aveugle… sauf aux intérêts financiers. De la même manière, des usines fabriquant des matériels médicaux (respirateurs, bonbonnes d’oxygène…) ont été fermées.

Quand aux tests de biologie moléculaire du Covid-19, ils sont très majoritairement produits à l’international, en Asie et Europe. L’Allemagne et la Suisse ont précieusement gardé leurs usines de fabrication de tests. Ce savoir-faire a permis à Bosch de développer un test ultra-rapide.

Etonnante gestion de la crise ensuite

Macron se cache derrière une épidémie « qui a surpris le monde entier ». Outre le fait qu’on sait maintenant que Buzyn avait alerté la Présidence et le Premier ministre dès janvier…on ne peut que constater que la crise sanitaire n’est pas gérée partout de la même manière.

Dans des pays aussi divers, sur le plan politique mais également démographique et géographique, les exemples ne manquent pas d’une gestion de l’épidémie autrement plus performante  : en Corée du Sud, à Hong Kong, à Taiwan, au Viet-Nam, pays proches du 1er foyer d’infection mais également, et plus près de nous, en Allemagne, dans les pays de l’Europe du Nord ou au Portugal.

En France on a choisi de mentir et de culpabiliser. On n’utilise pas les masques ? C’est qu’ils ne servent à rien. On ne fait pas de tests ? Ce serait « ridicule de les généraliser » dixit Macron. L’épidémie s’étend ? C’est la faute des citoyens qui ne respectent pas le confinement (on sait que c’est très majoritairement faux, mais la presse aux ordres montre à longueur de journaux les exceptions !).

Pendant ce temps, en Allemagne, plutôt que des mesures généralisées de confinement, on a mis en place dès le 1er cas déclaré –le 27 janvier- les tests de dépistage et on en réalise actuellement 500 000 par semaine. On traite vite et on isole les seuls malades.

Et l’Islande, qui avait déjà géré les banques à sa façon, donne une leçon de prévention ! L’ile n’a pas attendu l’appel massif au dépistage lancé par l’OMS le 16 mars. Plus d’un mois avant un important programme a été mis en place.

N’évoquons pas les pseudos querelles médicales dont on perçoit bien qu’il s’agit plus d’une querelle d’intérêts financiers que sur le choix du traitement ! Cette querelle franco-française risque de se terminer par un scandale de l’ampleur de celle du sang contaminé !