Non à la privatisation d’Aéroports de Paris !
"Les enjeux de la consultation citoyenne" - Article d’Yves MESCOFF publié dans le n° 183 du journal RESO (juillet/août 2019)
Mis en ligne le 25 septembre 2019

Le gouvernement a décidé à travers la loi Pacte votée en avril de privatiser Aéroports de Paris qui comprend les aéroports du Bourget, de Roissy et d’Orly , une dizaine d’aérodromes, des centres commerciaux, une filiale dans la téléphonie (Hub One) et des parts dans le capital de nombreux aéroports internationaux.

Les aéroports parisiens forment une frontière stratégique pour notre pays. Avec 101,5 millions de voyageurs en 2017 – en hausse continue – ils représentent même la principale frontière du pays ! Le caractère sensible de ce type d’infrastructures explique d’ailleurs que 86 % des aéroports dans le monde soient publics.

Aéroports de Paris est une entreprise rentable. Désormais première société aéroportuaire au monde devant Atlanta, son chiffre d’affaires a progressé de manière très substantielle en 2017 (+22%). Elle verse entre 100 et 200 millions de dividendes à l’État chaque année et sa valeur ne cesse de progresser. ADP, c’est aussi un patrimoine foncier gigantesque aux portes de Paris. Avec la privatisation c’est le privé qui en bénéficiera.

Après la privatisation des autoroutes et celle de l’aéroport de Toulouse vendu à un consortium chinois, la privatisation d’ADP est un nouveau scandale. La loi prévoit une concession extrêmement longue de 70 ans à l’échéance de laquelle l’aéroport ne pourra revenir dans le giron public qu’après une indemnisation des propriétaires. De plus, elle prévoit d’indemniser également les actionnaires minoritaires actuels. Autrement dit, l’État, donc l’ensemble des Français, devrait payer pour privatiser, perdre des revenus et payer à la fin de la concession de 70 ans pour récupérer son dû. Encore pire que les autoroutes !

Parce que l’opération sera très coûteuse pour le contribuable et probablement à terme pour l’usager, parce que c’est contraire à notre droit, parce qu’il est irresponsable de faire gérer notre principale frontière par le privé, parce que le rôle de l’État en France, enfin, est constitutif de notre identité collective et l’attachement de nos concitoyens au service public très profond, le gouvernement doit renoncer à la privatisation d’Aéroports de Paris.

Cette privatisation est en outre contraire à la démocratie : compte tenu de ses enjeux en matière de sécurité, d’écologie, d’aménagement du territoire et parce qu’il s’agit d’un service public national, c’est aux citoyens et à eux seuls qu’il appartient d’en décider.

C’est pourquoi une proposition de référendum d’initiative partagée (RIP) a été déposée par 248 députés et sénateurs (sur 925) d’opposition, issus de tous bords politiques, la proposition de loi référendaire vise à « affirmer le caractère de service public national de l’exploitation des aérodromes de Paris ». L’objectif est d’en empêcher la privatisation. Elle doit être soutenue par au moins 10 % des électeurs soit 4.717.396.

La consultation citoyenne a commencé. Du 13 juin 2019 au 12 mars 2020 inclus, les électeurs français peuvent soutenir la tenue d’un référendum sur la privatisation du groupe ADP (ex-Aéroports de Paris). Le référendum ne sera pas automatique. Le scrutin n’aura lieu que si l’Assemblée nationale ou le Sénat n’examine pas le texte dans un délai de six mois après la fin de la collecte des signatures. Dans ce cas, le Président de la République devra convoquer le référendum.