Les précaires, les chômeurs, cibles de Mme Pénicaud, du gouvernement.
Par Jean-Claude CHAILLEY
Mis en ligne le 1er avril 2019

Mme Pénicaud s’indigne : selon elle (les syndicats contestent) un chômeur sur cinq perçoit plus au chômage qu’en travaillant. Scandale !

Il s’agit des précaires – notamment les femmes - qui survivent comme ils/elles peuvent avec des CDD et des salaires de misère, et le chômage entre 2 CDD.

Ce sont souvent des CDD d’une journée qui se multiplient. C’est le retour des journaliers.

Les assistantes maternelles aussi seraient vraiment des profiteuses, presque des braqueuses.

Mais des salaires, comme des indemnités chômage, comme des conditions de travail, Mme Pénicaud ne parle pas. ll faut rester prudent, ça susciterait sûrement des jalousies.

Les ordonnances de M Macron et de Mme Pénicaud sont d’une légalité douteuse. Qu’importe, la fin justifie les moyens !

Il est en ainsi du barème qui plafonne les indemnités de licenciement. L’ordonnance Macron de septembre 2017 instaure le principe que le préjudice subi par un(e) salarié(e) abusivement licencié(e) n’a pas à être intégralement compensé. Inouï !

L’aspect moral, on s’en doute, n’a pas ému la majorité de l’Assemblée nationale qui avait autorisé le gouvernement à passer cette ordonnance. La conformité à la convention N° 158 de l’OIT et à l’article 24 de la charte sociale européenne est hautement douteuse. Il y a quelques cas de conseils de prud’hommes (composés à parité de représentants de syndicats patronaux et de syndicats de salariés) qui n’ont pas respecté le barème. Mme Belloubet donne des instructions : légal ou pas, il n’est pas question que des chômeurs croulent sous le montant pharaonique de leurs indemnités. Les ubérisés deviendraient aussi d’odieux profiteurs de leurs patrons si ce gouvernement si soucieux de justice sociale n’y mettait bon ordre.

Un jugement de la Cour d’appel de Paris a requalifié la subordination à une plateforme en contrat de travail, ce qui est arrivé aussi aux Etats Unis et dans plusieurs pays.

Les Uber et autres plateformes on s’en doute ne l’entendent pas de cette oreille…et ont l’oreille du gouvernement. Puisque telle est la loi, on va changer la loi. Il faut « sécuriser » la précarité, qu’on ne puisse surtout pas en sortir, même très modestement, par un contrat de travail, un luxe indécent.

Le gouvernement a des alliés chez ses prétendus opposants, par exemple le Rassemblement National.

Un décret du 30 décembre 2018 pourchasse encore un peu plus les chômeurs « profiteurs », ça va de soi.

Pourtant pour M Chenu, porte-parole du RN, ça ne suffit toujours pas. Il faut « lutter contre la fraude aux aides sociales ». En clair pour le RN les 20 Md de fraude sociale sont le fait des chômeurs. Or la réalité est inverse : l’immense majorité de la fraude est d’origine patronale.

En outre même le gouvernement reconnaît que beaucoup (environ 30 %) ne réclament pas les aides auxquelles ils ont droit, constat qu’il utilise pour « justifier » ses contre-réformes.

Le RN reste égal à lui-même : de la démagogie au service du MEDEF. M Macron, Mme Pénicaud, sont discrets sur la « richesse » des précaires. Pourtant ils aiment certains chiffres, notamment les coupes sur les prestations sociales. Il faut encore couper 4 Md en 3 ans sur les indemnités chômage de ces plus de 5 millions de profiteurs…qui n’auraient « que la rue à traverser ».

Soucieuse de justice Mme Pénicaud va y mettre bon ordre. On peut encore diminuer l’indemnisation, donc les cotisations « patronales » à l’Unedic (salaire socialisé), ça fait autant de profits en plus. On peut obliger les chômeurs à accepter n’importe quel boulot.

Mme Pénicaud, le gouvernement, feraient mieux de faire créer des emplois en CDI que faire semblant de pleurer sur les charrettes facilitées par leurs lois et s’en prendre aux droits des chômeurs / chômeuses, comme de tous les salariés.

Le MEDEF se fait discret, il est quasi absent des débats. On le comprend il domine le gouvernement.