VENEZUELA : la démocratie ou le chaos ?
Par Yves MESCOFF
Mis en ligne le 26 février 2019

Depuis quelques semaines les feux sont à nouveau tournés vers le Venezuela. Avec l’appui des Etats-Unis, le parlement vénézuélien dirigé par l’opposition est parvenu à désigner un président autoproclamé : Gauido, ceci au mépris de la constitution. En effet la désignation par le Parlement d’un président par intérim est bien prévue par la constitution mais uniquement dans le cas de la mort ou de l’empêchement du président en exercice. Or, tel n’est pas le cas : Maduro est bien vivant et en pleine possession de ses facultés physiques et mentales. Pour justifier leur soutien à Guaido, certains états, à la remorque des Etats-Unis pointent la dernière élection présidentielle qui n’aurait pas été démocratique. Sauf que les observateurs indépendants n’ont relevé aucune tricherie. Certes une partie de l’opposition a boycotté l’élection mais Maduro n’était pas seul en course et ses adversaires ont pu s’exprimer librement, y compris pour dire qu’ils ne reconnaîtraient pas Maduro même si celui-ci remportait l’élection. Derrière ces arguties juridiques, la vérité, c’est que Maduro, comme son prédécesseur Hugo Chavez, est soucieux de l’indépendance de son pays et ne veut pas qu’il tombe aux mains des dirigeants des industries pétrolières, avec l’appui des USA. Il faut rappeler qu’à son arrivée au pouvoir, l’une des premières mesures de Chavez, cà été la mise au pas des compagnies pétrolières. Celles-ci ne l’ont toujours pas digéré, d’autant que le Vénézuéla possède la plus grande réserve pétrolière du monde.

Pourtant, le Vénézuéla traverse une grave crise économique, encore accentuée par le blocus US. Des produits de première nécessité manquent, la corruption y est généralisée. Maduro n’est pas Chavez, il a commis des erreurs. Mais le véritable pouvoir c’est l’armée qui soutient Maduro. C’est d’ailleurs pour cela que l’initiative de Guaido apparaît vaine. Certes, on évoque une possible aide militaire des Etats-Unis mais gageons que ceux-ci y réfléchiront à deux fois avant d’envoyer des troupes dans ce pays de 29 millions d’habitants. D’autant que si 50 états ont officiellement apporté leur soutien à Guaido, la majorité des états de l’ONU penche pour Maduro. Non pas pour des raisons idéologiques mais parce que Maduro est le président légitime et que le principe de non-ingérence dans les affaires d’un état souverain est une nécessité pour préserver la paix. On ne sera d’ailleurs pas étonné que Macron à la suite de l’ancien président Sarkozy foule aux pieds ce principe, sans réfléchir à ses conséquences en d’autres coins de la planète.