Trop de fonctionnaires, vraiment ?
Le "coup de gueule" d’yves Laot, publié dans le n° 146 du bulletin REsistance SOciale - Mars 2016
Mis en ligne le 6 avril 2016

Sarkozy, Fillion, Lemaire… Dans la perspective des primaires de la droite, c’est à qui annoncera le plus de suppressions de postes de fonctionnaires.

Certains voudraient supprimer le statut de la fonction publique pour les agents territoriaux. D’autres annoncent un chiffre (un million) sans préciser qui est visé.

Petit rappel : le statut de la fonction publique a été créé en France pour les agents de l’Etat, puis des collectivités territoriales et des hôpitaux (depuis 1984) avec le double objectif de protéger les personnels mais aussi les usagers. Continuité du service, neutralité, amélioration constante de la qualité, égalité de tous les citoyens face au service rendu sont quelques-unes des caractéristiques de la fonction publique.

La sécurité de l’emploi, tant décriée par la droite (et même une partie de la « gauche »), n’a pas pour but d’offrir un avantage aux fonctionnaires, mais de les protéger contre les pressions, notamment financières et politiques. Et elle se paye par une rémunération souvent moins élevée que dans le privé. Depuis 2010, aucune augmentation générale n’a eu lieu. Et lors de la retraite, c’est souvent 50% de la rémunération qui disparaît, les primes n’étant pas intégrées dans le calcul de la retraite.

Alors, y aurait-il trop de fonctionnaires en France ? A écouter nos concitoyens, qui veulent toujours plus de policiers, de magistrats, d’enseignants, d’agents publics dans les mairies … il semble que non.

D’ailleurs, loin d’améliorer les choses, la décision de Sarkozy de ne remplacer qu’un fonctionnaire sur deux a désorganisé de nombreux services, à commencer par la police.

Même chose du côté de l’Education nationale. Malgré le rééquilibrage amorcé par François Hollande depuis 2012, il manque encore trop de profs … Sans parler des hôpitaux, où là, la situation a été aggravée par Marisol Touraine.

Supprimer la fonction publique territoriale ? Cela reviendrait à rendre dépendants les agents de décisions politiques Pas sûr que nos concitoyens y gagneraient d’autant qu’il faudrait recruter à la place des agents privés qui couteraient plus cher et pour un service de moindre qualité.

Même chose concernant la fonction publique hospitalière. Le statut de la fonction publique permet de leur assurer une carrière et de progresser tout au long de leur vie active mais aussi d’être protégés dans certaines situations conflictuelles.

Quant à vouloir limiter la fonction publique aux ministères régaliens, çà n’a pas de sens. Rappelons que l’Education nationale fournît une bonne partie des contingents de fonctionnaires. C’est ce qui permet d’avoir des maîtres et des profs bien formés, capables d’enseigner dans n’importe quel point du territoire. Bien sûr certains voudraient faire de l’école un marché comme un autre où la concurrence entre les écoles et les profs serait la règle. Ce serait la porte ouverte à une école de riches et une école de pauvres où les meilleurs profs enseigneraient dans des écoles d’élites tandis que les banlieues seraient encore plus défavorisées qu’aujourd’hui et que les ghettos déjà trop nombreux seraient multipliés. Désolé telle n’est pas ma conception du bien commun !

Au contraire, non seulement il ne faut pas moins de fonctionnaires, mais plus et surtout mieux traités et mieux payés.