Algérie : « La suppression de l’enseignement technique est un frein au développement du pays »
Interview pour le temps d’Algérie de Meziane Meriane, SG du SNAPEST
Mis en ligne le 31 décembre 2012

Les professeurs d’enseignement technique ont tenu hier une conférence de presse au siège du Syndicat national autonome des professeurs du secondaire et du technique (Snapest) afin d’expliquer toutes les problématiques que soulève la suppression de cet enseignement.

M. Meziane Meriane, SG du Snapest, nous a indiqué que cette suppression s’était opérée en 2003 suite à la nouvelle réforme du secteur. Selon ce responsable, cet enseignement est un support essentiel dans l’amélioration de la productivité et de la compétitivité du pays, notamment des PME.

« Notre syndicat n’a pas compris la mesure qui a permis la suppression de cet enseignement. Les mutations qui se sont opérées de par le monde incitent notre pays à renouveler les moyens et les méthodes de travail. Nous demandons que l’enseignement professionnel et technique soit l’objet d’une réinsertion dans le système éducatif », nous a-t-il dit, ajoutant qu’au lieu de prendre les rails de la modernisation pour engager les réformes adéquates, la tutelle a supprimé cet enseignement sans prendre en considération l’avis des professeurs concernés ni l’impact qui en a découlé sur l’économie nationale.

« Tout le monde se plaint du fait que le pays ne forme pas de cadres spécialisés à même de prendre en charge les secteurs de pointe tels que l’agriculture. Le ministre de l’Education a indiqué qu’il allait organiser des journées d’études afin d’évaluer cette réforme.Nous y participerons et défendrons les professeurs du technique qui mènent la bataille pour arracher leurs droits et promouvoir leur enseignement depuis 2003 car le Snapest a toujours milité pour les droits des enseignants toutes catégories confondues.Nous demandons la relance de cette formation tout en insistant pour qu’elle soit en adéquation avec le marché du travail », a-t-il affirmé, déplorant par ailleurs que le matériel acheté pour les formations techniques soit sujet au dépérissement alors qu’il avait été l’objet d’un budget conséquent car bien souvent, les machines ont été importées.

M. Meziane nous a indiqué également que le Snapest avait soulevé le problème de cet enseignement lors de ses différentes rencontres avec la tutelle.

« Nous avons eu une réunion de travail avec le ministère le 9 décembre dernier. Nous avons soulevé cette problématique, insistant sur le sort réservé à ces professeurs qui ont été lésés par la réforme de 2003. A titre d’exemple, nous demandons que ces enseignants soient intégrés dans la catégorie du secondaire. Ils n’ont pas la possibilité d’avancer dans leur carrière. Une règle qui est appliquée uniquement pour leur catégorie et que nous dénonçons », nous a-t-il dit.

Une refonte en amont et en aval du système éducatif En outre, le syndicat demande une réévaluation de la réforme qui n’a pas eu les résultats escomptés.

« Nous constatons que les programmes sont chargés. Selon nous, il s’agit de reconsidérer les objectifs à long et moyen terme », a-t-il précisé, ajoutant que lors de la réunion de travail conjointe du 9 décembre dernier, des propositions ont été formulées et que le syndicat attend aujourd’hui que la tutelle se prononce. M. Meziane nous a indiqué aussi que jeudi prochain, le Snapest participera à une réunion d’évaluation du premier semestre qui se tient en présence des directeurs de toutes les académies du pays.

« Pour nous, ce premier trimestre ne diverge pas des années précédentes. Il faut noter toutefois qu’il n’y a pas eu de mouvement de protestation à l’instar des autres années. Cependant, nous observons que les résultats de nos élèves sont mitigés.Nous aurions aimé qu’ils reflètent les moyens octroyés pour le secteur mais ce n’est pas le cas. Nous pointons la surcharge de travail et dans les classes. A titre d’exemple, cette année, nous avons observé que dans certains établissements, il y avait plus de 40 élèves dans les classes de première année d’enseignement secondaire. Le ministre nous a parlé de qualité, il faut qu’il déploie les moyens de sa politique. Nous estimons qu’une refonte du système éducatif doit se tenir en amont et en aval », nous a t-il affirmé, ajoutant que le Snapest disposait de pistes de réflexion telles que la spécialisation des lycéens dès les premières années, afin d’éviter la surcharge de travail, et qu’en terminale, ils étudient plus sérieusement les matières essentielles.

« Nous estimons que faire évoluer la semaine des cinq jours est compliqué. Nous proposons donc de jouer sur le volume horaire et les programmes », nous a-t-il indiqué, espérant qu’en cette nouvelle année, la tutelle sera disponible pour le dialogue et à l’écoute des propositions des acteurs syndicaux.